samedi 10 mars 2018

Donner un visage aux questions sur la famille

Tel fut le thème développé par le pape François dans un discours donné devant les participants à un congrès dans son diocèse sur La joie de l’amour. Il a identifié trois clés qui sont apparues durant le chemin parcouru par le synode sur la famille pour parvenir à ce document, clés qui sont donc nécessaires pour bien le lire.
 
La première clé : il ne s’agissait pas d’analyser des documents, ni des thèmes, ni des arguments. « Nous avions devant nous les visages concrets de nombreuses familles », rappelle le pape. Il faut respecter et traiter avec soin chaque personne et chaque famille, quelle qu’elle soit. Donner un visage aux thèmes exige un climat de respect capable de nous aider à écouter ce que Dieu nous dit à l’intérieur de ces situations : un respect chargé de préoccupations et de questions honnêtes qui concernent le soin des vies qui sont devant nous. « Comme cela aide, de donner un visage aux thèmes! Et comme cela aide de s’apercevoir qu’il y a un visage derrière les documents, comme cela aide! Cela nous libère de la hâte en vue d’obtenir des conclusions bien formulées mais qui manquent très souvent de vie; cela nous libère des paroles abstraites, pour pouvoir nous approcher et nous engager à l’égard de personnes concrètes. » (Discours, par 1)
 
Et le pape ajoute : « Cela nous rappelle que nos familles, les familles dans nos paroisses avec leurs visages, leurs histoires, avec toutes leurs problématiques, ne sont pas un problème, elles sont une opportunité que Dieu place devant nous. Une opportunité qui nous exhorte à susciter une créativité missionnaire capable d’embrasser toutes les situations concrètes. »
 
La deuxième clé : « L’une des tentations à laquelle nous sommes constamment exposés est d’avoir une logique séparatiste. » (Discours, par 2) Il faut regarder nos familles avec la délicatesse avec laquelle Dieu les regarde. Le réalisme évangélique « ne s’arrête pas à la description des situations, des problématiques — encore moins du péché — mais qui va toujours au-delà et réussit à voir derrière chaque visage, chaque histoire, chaque situation, une opportunité, une possibilité. » Le pape ajoute : « Le réalisme évangélique se salit les mains parce qu’il sait que le “grain et l’ivraie” poussent ensemble et le meilleur grain — dans cette vie — sera toujours mélangé à un peu d’ivraie. » « Gardons-nous de mettre en œuvre une pastorale des ghettos et pour des ghettos. »
 
La troisième clé : la valeur du témoignage des « anciens ». « Dans les songes de nos anciens, se trouve bien souvent la possibilité que nos jeunes aient de nouvelles visions, aient de nouveau un avenir, aient un lendemain, aient une espérance. »  (Discours, par 3) « Ce sont deux réalités — les personnes âgées et les jeunes — qui vont ensemble et qui ont besoin l’une de l’autre et qui sont liées. […] Que c’est beau! Les grands-parents qui apportent un témoignage. »
 
Et le pape conclut en rappelant l’amour de Dieu pour chaque personne. « Et dans une telle confiance, dans une telle certitude, avec beaucoup d’humilité et de respect, nous voulons nous approcher de tous nos frères pour vivre la joie de l’amour en famille. » Renonçons aux « enclos » qui nous gardent à distance des drames humains. Acceptons d’entrer vraiment en contact avec la vie concrète des autres et de connaître la force de la tendresse.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(32e texte d’une série sur La joie de l’amour)

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