vendredi 16 février 2018

L’amour érotique dans le mariage

Désirs, sentiments et émotions ont une grande place dans le mariage. Ils ne sont pas bons ou mauvais en eux-mêmes. Tout dépend de ce que nous en faisons, comment nous les orientons, quels sont les actes qui en découlent. Certaines émotions sont entretenues pour faire du bien à l’autre. Mais nos sentiments et désirs peuvent aussi être voulus pour lui faire du mal. La source du bien ou du mal, pour nos sentiments, passions, émotions se trouve dans la qualité de l’amour qui est dans notre cœur et dans la maîtrise de soi qu’on a développé.
 
Le pape François dans son grand texte sur La joie de l’amour affirme : « L’amour matrimonial conduit à ce que toute la vie émotionnelle devienne un bien pour la famille et soit au service de la vie commune. Une famille arrive à maturité quand la vie émotionnelle de ses membres se transforme en une sensibilité qui ne domine ni n’obscurcit les grandes options et les valeurs, mais plutôt qui respecte la liberté de chacun, jaillit d’elle, l’enrichit, l’embellit et la rend plus harmonieuse pour le bien de tous. »
 
L’érotisme a sa place dans cet amour. Mais, pour éviter sa divinisation qui serait une déformation destructrice qui le priverait de sa dignité et le déshumanise, il faut une éducation de l’émotivité et de l’instinct. On peut alors « réaliser un beau parcours avec les passions, ce qui signifie les orienter toujours davantage dans un projet de don de soi et d’épanouissement personnel intégral qui enrichisse les relations entre les membres de la famille. Cela n’implique pas de renoncer à des moments de bonheur intense, mais de les assumer comme entrelacés avec d’autres moments de don généreux, d’attente patiente, de fatigue inévitable, d’effort pour un idéal. La vie en famille est tout cela et mérite d’être vécue entièrement. » (Pape François, La joie de l’amour)
 
Dieu nous a créés capable de jouissance et veut que nous épanouissions toutes les possibilités qu’il nous a données. Il nous veut heureux, il veut que nous laissions jaillir la joie face à la tendresse de l’autre. Mais il ne faut pas limiter notre amour à sa dimension érotique. Il faut savoir que le plaisir peut trouver d’autres formes d’expression dans les différents moments de la vie.
 
Il importe de ne pas réduire la sexualité à un moyen de satisfaction ou à un divertissement. Elle est un langage, une relation avec une autre personne qui doit être prise au sérieux et respectée. La sexualité « est non seulement une source de fécondité et de procréation », mais elle comprend « la capacité d’exprimer l’amour : cet amour dans lequel précisément l’homme-personne devient don. » (Jean-Paul II) Aussi, « l’érotisme le plus sain, même s’il est lié à une recherche du plaisir, suppose l’émerveillement, et pour cette raison il peut humaniser les pulsions. » (Pape François)
 
En somme, la dimension érotique de l’amour est un don de Dieu qui embellit la rencontre des époux, enrichit la vie du couple et de la famille, rend capable du don de soi dans la joie de l’amour.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(29e texte d’une série sur La joie de l’amour)

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