dimanche 18 juin 2017

L’Esprit décloisonne

Dieu le Père a voulu, dans un amour miséricordieux qui nous déconcerte, que par l’incarnation son Fils éternel soit cloisonné dans cet homme juif : Jésus. Durant sa vie cachée, Jésus a été cloisonné dans un minuscule bourg : Nazareth. Puis, durant sa vie publique, il a été cloisonné dans ce petit pays qu’était la Palestine sous la férule de l’Empire romain. Sans autre moyen de communication que ses pieds et sa bouche, sans auto, ni micro, radio ou internet, Jésus a été cloisonné dans les limitations humaines d’espace et de temps de son époque. « Mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit » (1 Pierre 3, 18), Jésus est décloisonné. Grâce à l’œuvre de l’Esprit le ressuscitant, il vient maintenant vers celles et ceux qui croient en lui, à toute heure ou année ou siècle, et partout dans le monde. Il est vivant, présent, actif aujourd’hui.
 
À ses débuts, l’Église était cloisonnée à Jérusalem. Par le moyen déconcertant d’une violente persécution, l’Esprit l’a décloisonnée, dispersant les disciples. Ainsi, Philippe fuit jusque dans une ville de Samarie, ce petit peuple humilié par les Juifs, méprisé comme hérétiques. Décloisonné de sa peur et des limites de Jérusalem, Philippe y proclame hardiment que Jésus est bien le Messie attendu, le Christ. Les foules ont cru en cette Parole. « Et il y eut dans cette ville une grande joie. » (Actes des Apôtres 8, 8) Joie qui est le fruit de l’Esprit accomplissant l’œuvre que lui confie le Père et le Fils! Alors, l’Église-Mère, Jérusalem, envoie Pierre et Jean confirmer par un signe ecclésial cette œuvre de l’Esprit travaillant les cœurs de ces Samaritains. Ils « leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint. »
 
Que fait maintenant l’Esprit pour nous qui sommes cloisonnés dans notre « moi » fermé, égoïste, apeuré, méprisant les autres et posant partout des clôtures pour se protéger dans une supposée sécurité? Le Père, répondant à la prière de Jésus ressuscité, nous donne l’Esprit pour qu’il nous décloisonne. Il est le consolateur, le défenseur, l’avocat, celui qui nous conduit à notre identité chrétienne qui est d’être aimé par le Père et de nous aimer les uns les autres. Cet Esprit demeure auprès de nous comme un ami fidèle; il est en nous comme l’âme de notre vie chrétienne; il est toujours avec nous et nous ouvre au Père et aux autres (voir Jean 14, 15-21).
 
Viens, Esprit Saint!
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau