mardi 21 mars 2017

Accueillir l’étranger

L’histoire se répète. Il nous arrive de reprendre cette expression pour comprendre et expliquer une situation qui se passe dans notre vie et notre famille ou encore dans notre ville et pays. Les événements des derniers mois par rapport à l’accueil des réfugiés et de la migration de population entière fuyant la guerre et la faim viennent redire encore les craintes et barrières qui habitent le cœur humain. La peur de l’étranger, de l’autre différent de soi par la couleur de sa peau, sa culture, sa langue, sa religion n’est pas un phénomène nouveau. Il suffit de faire un retour dans l’itinéraire de notre humanité pour comprendre que l’histoire se répète. La migration des peuples ne date pas d’hier. Les images des réfugiés syriens marchant par milliers sont certainement similaires à d’autres récits du genre à travers les âges.   
 
Le récit de la Samaritaine (Jean 4, 5-42) qui rencontre Jésus au puits fait également écho à une situation où la crainte de l’autre empêchait l’accueil, la communication, le partage, la solidarité. La Samaritaine et Jésus sont venus pour boire. Ils cherchaient la même chose, ils voulaient combler leur soif. Ce simple geste du quotidien de personnes en chemin allait ouvrir sur un demain meilleur pour cette femme et son peuple. Tout d’abord, Jésus dépasse les préjugés et principes qui empêchaient les Juifs de parler aux Samaritains. Il accueille l’étrangère en lui adressant la parole pour lui demander de l’eau. L’accueil passe par les besoins qui sont communs pour la dignité de tous les êtres humains, c’est-à-dire boire, manger, se vêtir, avoir un toit, être aimé, être reconnu, s’accomplir. En ce sens, nous sommes toutes et tous des migrants.
 
Mais ce premier contact avec la Samaritaine dépasse l’accueil. Cette rencontre débouche sur un pont entre la soif de son peuple et celle des Juifs. Jésus propose une source plus grande, une « eau » qui comble la soif du bonheur. Cette source, c’est l’amour inconditionnel de Dieu pour chacun et chacune de nous, pour toute l’humanité. L’accueil de Jésus témoigne de la grande miséricorde de Dieu. Aujourd’hui et demain, nous sommes invités à créer des ponts entre nous, spécialement avec l’étranger. Le pape François le rappelle sans cesse, un chrétien construit des ponts avec les autres et non des murs.
 
Dans son livre Devenir enfant de Dieu, Mgr Roger Ébacher écrit ceci sur la Samaritaine : « Elle est ainsi conduite à vivre le culte d’adoration dans lequel les hommes de toutes races se retrouvent rassemblés dans la famille des enfants de Dieu. »  
 
René Laprise
Diacre permanent