vendredi 18 novembre 2016

Jésus ressuscité engendre des relations nouvelles

Le pape François aime rencontrer les gens, se faire proche, les embrasser, les prendre dans ses bras. Il se situe ainsi dans ce qu’il considère comme une caractéristique de notre époque. Le pape a conscience qu’en agissant ainsi, il suit Jésus, il développe en lui et autour de lui les relations mêmes que Jésus engendrait lorsqu’il marchait sur notre terre. Il sait dans sa foi que c’est Jésus ressuscité qui continue en lui, par son Esprit son œuvre de créer la communauté des enfants de Dieu. Le pape sait aussi donner sens à ses gestes en les situant dans la culture contemporaine. Dans son texte-programme La joie de l’Évangile (EG 87), il développe cette idée et l’applique à la vie de tout disciple-missionnaire.
 
« De nos jours, alors que les réseaux et les instruments de la communication humaine ont atteint un niveau de développement inédit, nous ressentons la nécessité de découvrir et de transmettre la “mystique” de vivre ensemble, de se mélanger, de se rencontrer, de se prendre dans les bras, de se soutenir, de participer à cette marée un peu chaotique qui peut se transformer en une véritable expérience de fraternité, en une caravane solidaire, en un saint pèlerinage. Ainsi, les plus grandes possibilités de communication se transformeront en plus grandes possibilités de rencontre et de solidarité entre tous. Si nous pouvions suivre ce chemin, ce serait une très bonne chose, très libératrice, très génératrice d’espérance! Sortir de soi-même pour s’unir aux autres fait du bien. S’enfermer sur soi-même signifie goûter au venin amer de l’immanence, et en tout choix égoïste que nous faisons, l’humanité aura le dessous. »
 
Par ses exemples comme par son enseignement, le pape François montre ce que doit être un disciple-évangélisateur : quelqu’un qui dépasse le soupçon, le manque de confiance permanent, la peur d’être envahi, les comportements défensifs. « L’Évangile nous invite toujours à courir le risque de la rencontre avec le visage de l’autre, avec sa présence physique qui interpelle, avec sa souffrance et ses demandes, avec sa joie contagieuse dans un constant corps à corps. La foi authentique dans le Fils de Dieu fait chair est inséparable du don de soi, de l’appartenance à la communauté, du service, de la réconciliation avec la chair des autres. Dans son incarnation, le Fils de Dieu nous a invités à la révolution de la tendresse. » (EG 88)
 
La relation personnelle, constante, entretenue avec le Dieu Père et Amour et avec Jésus le Fils fait chair provoque chez le disciple-missionnaire l’élan pour relever le défi de ne jamais fuir une relation personnelle et engagée avec Dieu, et qui engage en même temps avec les autres. « L’unique voie consiste dans le fait d’apprendre à rencontrer les autres en adoptant le comportement juste, en les appréciant et en les acceptant comme des compagnons de route, sans résistances intérieures. Mieux encore, il s’agit d’apprendre à découvrir Jésus dans le visage des autres, dans leur voix, dans leurs demandes. C’est aussi apprendre à souffrir en embrassant Jésus crucifié quand nous subissons des agressions injustes ou des ingratitudes, sans jamais nous lasser de choisir la fraternité. » [EG 89]
 
La vie du disciple-missionnaire est tissée de relations. Un tel disciple doit savoir regarder la grandeur sacrée du prochain, découvrir Dieu en chaque être humain. Il le pourra en s’accrochant à Jésus ressuscité qui sait par son Esprit ouvrir le cœur à l’amour divin que lui-même a manifesté jusqu’au don suprême de sa vie.
 
(15e texte d’une série sur La joie de l’Évangile)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau