dimanche 3 juillet 2016

Le saint peuple de Dieu

Le pape François a écrit en mars une lettre au Cardinal Ouellet qui est très inspirante, qui est aussi capable de nous juger et de nous conduire à la conversion. Il y traite de l’Église comme peuple de Dieu, image biblique reprise par Vatican II. Le pape développe en particulier la liberté et la responsabilité des laïcs face au monde dans ses diverses composantes. Il insiste aussi pour que les prêtres, les évêques, les agents de pastorale respectent et promeuvent cette place des laïcs ainsi que leur responsabilité missionnaire. Je vais présenter cette lettre par petites tranches. Aujourd’hui, je cite le paragraphe qui nous demande de méditer sur le baptême, sa place première et irremplaçable dans la communauté chrétienne, sur ses effets.
 
« Regarder le peuple de Dieu signifie rappeler que nous faisons tous notre entrée dans l’Église en tant que laïcs. Le premier sacrement, celui qui scelle pour toujours notre identité et dont nous devrions toujours être fiers, est le baptême. À travers lui et avec l’onction de l’Esprit Saint (les fidèles) “sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint” (Lumen Gentium, n. 10). Notre consécration première et fondamentale est le fruit spirituel et pastoral de notre baptême. »
 
S’adressant particulièrement aux personnes ordonnées, le pape ajoute avec fermeté et peut-être un peu d’humour : « Personne n’a été baptisé prêtre ni évêque. Ils nous ont baptisés laïcs et c’est le signe indélébile que personne ne pourra jamais effacer. Cela nous fait du bien de nous rappeler que l’Église n’est pas une élite de prêtres, de personnes consacrées, d’évêques, mais que nous formons tous le saint peuple fidèle de Dieu. Oublier cela comporte plusieurs risques et déformations dans notre expérience, à la fois personnelle et communautaire, du ministère que l’Église nous a confié. »
 
Il faut parler du peuple de Dieu en « nous » et non pas en « eux » ou « ils ». « Nous sommes, comme le souligne bien le Concile Vatican II, le peuple de Dieu, dont l’identité est “la dignité et la liberté des fils de Dieu, dans le cœur desquels demeure l’Esprit Saint, comme dans un temple” (Lumen Gentium, n. 9). Le saint peuple fidèle de Dieu est oint par la grâce de l’Esprit Saint, et c’est pour cela qu’au moment de réfléchir, de penser, d’évaluer, de discerner, nous devons être très attentifs à cette onction. »
 
Quel rappel salutaire que cet enseignement sur la valeur fondatrice du baptême pour toute la communauté, insérant chaque nouveau baptisé dans cette famille des enfants de Dieu! Cette appartenance est notre dignité foncière, essentielle. Il faut nous le rappeler, car nous sommes toujours tentés, que nous soyons évêques, prêtres ou laïcs agents de pastorale, de porter un regard clérical sur nos communautés. Une telle approche cléricale risque de stériliser les dynamismes semés par l’Esprit dans chaque baptisé en vue de la mission de miséricorde et de vie dans le monde.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau