lundi 11 août 2014

Confession de la foi et engagement social

Le pape François s’est vite fait connaître comme une personne engagée envers les personnes pauvres, rejetées, marginalisées, exploitées, et cela au nom de sa foi. Dans son texte-programme intitulé La joie de l’Évangile, il explique très longuement cette priorité dans sa vie et dans celle de l’Église (par. 176-258).
 
Il pose dès le début de ces réflexions le phare qui éclaire son chemin : « Le kérygme possède un contenu inévitablement social : au cœur même de l’Évangile, il y a la vie communautaire et l’engagement avec les autres. Le contenu de la première annonce a une répercussion morale immédiate dont le centre est la charité. »
 
Confesser un Père qui aime infiniment chaque être humain implique de découvrir la dignité infinie de cet être. Confesser que Jésus a donné son sang pour nous nous empêche de maintenir le moindre doute sur l’amour sans limites qui ennoblit tout être humain. Confesser que l’Esprit Saint agit en tous implique de reconnaître qu’il cherche à pénétrer dans chaque situation humaine et dans tous les liens sociaux afin de dénouer les nœuds même les plus complexes et les plus inextricables.
 
« À partir du cœur de l’Évangile, nous reconnaissons la connexion intime entre évangélisation et promotion humaine, qui doit nécessairement s’exprimer et se développer dans toute l’action évangélisatrice. L’acceptation de la première annonce, qui invite à se laisser aimer de Dieu et à l’aimer avec l’amour que lui-même nous communique, provoque dans la vie de la personne et dans ses actions une réaction première et fondamentale : désirer, chercher et avoir à cœur le bien des autres. »
 
Ce lien indissoluble entre l’accueil de l’Évangile et un amour fraternel effectif, spécialement pour les pauvres, est fréquemment exprimé dans l’Écriture. Ce que disent ces textes c’est la priorité absolue de « la sortie de soi vers le frère. » Ce service de la charité est « une dimension constitutive de la mission de l’Église et il constitue une expression de son essence-même». Il s’agit de la charité effective pour le prochain, la compassion qui comprend, assiste et promeut.
 
«Personne ne peut exiger de nous que nous reléguions la religion dans la secrète intimité des personnes, sans aucune influence sur la vie sociale et nationale, sans se préoccuper de la santé des institutions de la société civile, sans s’exprimer sur les événements qui intéressent les citoyens. Qui oserait enfermer dans un temple et faire taire le message de saint François d’Assise et de la bienheureuse Teresa de Calcutta? »  Une foi authentique implique toujours un profond désir de changer le monde, de transmettre des valeurs, de laisser quelque chose de meilleur après notre passage sur la terre, qui « est notre maison commune et nous sommes tous frères. » L’Église ne peut ni ne doit rester à l’écart dans la lutte pour la justice, l’ordre social et le bien commun.
 
Ai-je déjà réfléchi à ce lien essentiel entre l’Évangile et l’engagement social? Est-ce que vis de tels engagements au nom de ma foi?
(36e texte d’une série sur la joie)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau