lundi 21 avril 2014

Une conversion missionnaire


Le cœur du projet du pape François (voir La joie de l’Évangile par.25ss) consiste en un insistant appel à une conversion missionnaire de toute l’Église, dans toutes ses parties. On « ne peut laisser les choses comme elles sont. » Le renouveau ecclésial ne peut pas être différé! L’Église n’est pas une simple administration. Elle doit être partout « en état de mission ». Pour cela, comme Vatican II nous l’a demandé dans le Décret sur l’œcuménisme, « l’Église au cours de son pèlerinage est appelée par le Christ à cette réforme permanente dont elle a perpétuellement besoin en tant qu’institution humaine et terrestre ».
 
François précise : « J’imagine un choix missionnaire capable de transformer toute chose, afin que les habitudes, les styles, les horaires, le langage et toute structure ecclésiale devienne un canal adéquat pour l’évangélisation du monde actuel, plus que pour l’auto-préservation. La réforme des structures, qui exige la conversion pastorale, ne peut se comprendre qu’en ce sens : faire en sorte qu’elles deviennent toutes plus missionnaire, que la pastorale ordinaire en toutes ses instances soit plus expansive et ouverte, qu’elle mette les agents pastoraux en constante attitude de “sortie” et favorise ainsi la réponse positive de tous ceux auxquels Jésus offre son amitié. » (par. 27)
 
La paroisse : elle doit se réformer et d’adapter constamment. « Cela suppose que réellement elle soit en contact avec les familles et avec la vie du peuple et ne devienne pas une structure prolixe séparée des gens, ou un groupe d’élus qui se regardent eux-mêmes. » (par. 28)
 
Les autres institutions ecclésiales : « Communautés de base et petites communautés, mouvements et autres formes d’associations, sont une richesse de l’Église que l’Esprit suscite pour évangéliser tous les milieux et secteurs. Souvent elles apportent une nouvelle ferveur évangélisatrice et une capacité de dialogue avec le monde qui rénovent l’Église. Mais il est très salutaire qu’elles ne perdent pas le contact avec cette réalité si riche de la paroisse du lieu, et qu’elles s’intègrent volontiers dans la pastorale organique de l’Église particulière. »
 
Chaque diocèse est invité « à entrer dans un processus résolu de discernement, de purification et de réforme. »  « Sa joie de communiquer Jésus Christ s’exprime tant dans sa préoccupation de l’annoncer en d’autres lieux qui en ont plus besoin, qu’en une constante sortie vers les périphéries de son propre territoire ou vers de nouveaux milieux sociaux-culturels. »
 
Quant à l’évêque, « parfois il se mettra devant pour indiquer la route et soutenir l’espérance du peuple, d’autres fois il sera simplement au milieu de tous dans une proximité simple et miséricordieuse, et en certaines circonstances il devra marcher derrière le peuple, pour aider ceux qui sont restés en arrière et – surtout – parce que le troupeau lui-même possède un odorat pour trouver de nouveaux chemins. » Il doit stimuler les organismes de participation, « avec le désir d’écouter tout le monde, et non pas seulement quelques-uns, toujours prompts à lui faire des compliments. Mais l’objectif de ces processus participatifs ne sera pas principalement l’organisation ecclésiale, mais le rêve missionnaire d’arriver à tous. »
 
Et le pape? François ajoute : « Du moment que je suis appelé à vivre ce que je demande aux autres, je dois aussi penser à une conversion de la papauté. » Les structures centrales de l’Église universelle ont aussi besoin d’écouter l’appel à une conversion pastorale. Et pour cela, il faut revoir les statuts de conférences épiscopales et sortir d'une centralisation excessive.
 
Comment ces invitations résonnent-elles dans mon cœur? Je suis invité à changer quoi dans ma prière, dans mes choix, mes comportements, mes attraits et refus?
(11e texte d’une série sur la joie)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau