samedi 26 avril 2014

Répandre le parfum de l’Évangile

Dans son exhortation à vivre La joie de l’Évangile (par. 34ss), le pape François nous invite à nous attacher vigoureusement et amoureusement au cœur même du message évangélique. Il ne faut pas nous limiter à certains aspects secondaires, même si ce sont ces questions qui sont priorisées  dans les médias selon certains intérêts et opinions du milieu. Il faut aller au cœur de l’Évangile, à ce qui fait sa grandeur et son attrait.
 
Dans ce cœur « resplendit la beauté de l’amour salvifique de Dieu manifesté en Jésus Christ mort et ressuscité » (par. 36). Souvent d’ailleurs François a rappelé cette nécessité de nous centrer sur l’amour miséricordieux et inconditionnellement généreux qui se donne jusqu’à la croix pour que nous vivions en abondance. C’est ce qu’il faut d’abord accueillir. C’est aussi ce qu’il faut d’abord annoncer. L’Église existe pour révéler au monde, en actes et en paroles, ce Dieu qui n’est qu’amour et miséricorde.
 
« Une pastorale en terme missionnaire n’est pas obsédée par la transmission désarticulée d’une multitude de doctrines qu’on essaie d’imposer à force d’insister. Quand on assume un objectif pastoral et un style missionnaire, qui réellement arrivent à tous sans exceptions ni exclusions, l’annonce se concentre sur l’essentiel, sur ce qui est plus beau, plus grand, plus attirant et en même temps plus nécessaire. La proposition se simplifie, sans perdre pour cela profondeur et vérité, et devient ainsi plus convaincante et plus lumineuse. » (par. 35)
 
Et le pape n’hésite pas à en tirer les conséquences pour ses propres paroles, ce qu’on ne se gêne pas parfois de lui reprocher, surtout au sujet des questions morales! Aussi explique-t-il : « Il faut dire que, dans l’annonce de l’Évangile, il est nécessaire de garder des proportions convenables. Ceci se reconnaît dans la fréquence avec laquelle sont mentionnés certains thèmes et dans les accents mis dans la prédication. Par exemple, si un curé durant une année liturgique parle dix fois sur la tempérance et seulement deux ou trois fois sur la charité ou sur la justice, il se produit une disproportion, par laquelle ces vertus, qui devraient être plus présentes dans la prédication et dans la catéchèse, sont précisément obscurcies. La même chose se passe quand on parle plus de la loi que de la grâce, plus de l’Église que de Jésus Christ, plus du Pape que de la Parole de Dieu. » (par. 38)
 
Comment une telle interpellation me rejoint-elle? Est-ce que l’Évangile fait la joie de mon cœur? Comment et quand est présenté par moi ou autour de moi ce cœur de l’Évangile? Est-ce que je sens, à travers ma communauté locale, ce « parfum de l’Évangile »?
(12e texte d’une série sur la joie)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau