samedi 28 décembre 2013

L’alliance dans les psaumes

Le psautier est le livre de prières du peuple d’Israël, ce peuple qui se sait en alliance avec son Dieu. Dieu lui a révélé son Nom : « Je suis celui qui suis. Tu parleras ainsi aux fils d'Israël :' Celui qui m'a envoyé vers vous, c'est : JE-SUIS.' »  (Exode 3, 14) Puis il a fait la grande confidence à Moïse, révélant les secrets de son cœur pour les siens : « YAHVÉ, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d'amour et de fidélité. » (Exode 34, 6)
 
Ayant reçu ce don gracieux de l’alliance et les Dix Paroles à l’entrée du désert, le peuple a fait l’apprentissage de vivre avec son Allié durant la longue traversée jusqu’en Terre promise. Il a appris par expérience les tendresses et les miséricordes, mais aussi les exigences de ce Dieu toujours mystérieux, mais toujours fidèle.
 
C’est à Lui que s’adressent les psaumes. Une telle connaissance expérimentale de l’Allié permettait à la communauté priante et à chaque membre de lui présenter adorations et actions de grâces, demandes et supplications, lamentations et même révoltes. Tous les sentiments et toutes les expériences de vie pouvaient ainsi être mises en commun avec Celui qui marche avec les siens et ne les abandonne jamais.
 
Voici par exemple un psaume qui explicite bien cette conscience à la base de la prière du peuple d’Israël.
 
« Alléluia! De tout cœur je rendrai grâce au Seigneur dans l'assemblée, parmi les justes. Grandes sont les œuvres du Seigneur; tous ceux qui les aiment s'en instruisent. Noblesse et beauté dans ses actions : à jamais se maintiendra sa justice. De ses merveilles il a laissé un mémorial; le Seigneur est tendresse et pitié. Il a donné des vivres à ses fidèles, gardant toujours mémoire de son alliance. Il a montré sa force à son peuple, lui donnant le domaine des nations. Justesse et sûreté, les œuvres de ses mains, sécurité, toutes ses lois, établies pour toujours et à jamais, accomplies avec droiture et sûreté! Il apporte la délivrance à son peuple; son alliance est promulguée pour toujours : saint et redoutable est son nom. La sagesse commence avec la crainte du Seigneur. Qui accomplit sa volonté en est éclairé. A jamais se maintiendra sa louange. » (Psaume 110)
 
Voici un autre exemple, particulièrement clair :
 
« Acclamez le Seigneur, terre entière, servez le Seigneur dans l'allégresse, venez à lui avec des chants de joie! Reconnaissez que le Seigneur est Dieu : il nous a faits, et nous sommes à lui, nous, son peuple, son troupeau. Venez dans sa maison lui rendre grâce, dans sa demeure chanter ses louanges; rendez-lui grâce et bénissez son nom! Oui, le Seigneur est bon, éternel est son amour, sa fidélité demeure d'âge en âge. » (Psaume 99)
 
Comprenant cette dynamique de la prière des psaumes, nous ne sommes pas surpris de les retrouver au cœur de la prière de l'Église, Peuple de la Nouvelle Alliance. Ces prières gardent toute leur énergie spirituelle en entretenant ou rétablissant une relation de confiance, de communion avec l’Allié toujours fidèle, miséricordieux, patient et bon.
(15e texte d’une série sur l’Alliance)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

jeudi 26 décembre 2013

« Vivre unis, en prenant soin l’un de l’autre »

Ce titre est extrait du message du pape François pour la Journée mondiale de la paix 2014 : « La fraternité,fondement et route pour la paix ». Le texte papal est abondamment présenté et commenté sur la toile électronique. Le service d’information duVatican l’a officiellement proposé, de même que le site de diverses Églises du monde. Le site de Zenit le résume d’une belle façon en présentant douze « pépites d’or » qui forment un programme tiré de ce message.  Par ailleurs, le document pousse aussi à des expériences communautaires d’engagements pour la paix, la justice, la fraternité.
 
J’épingle quelques extraits de ce message très dynamique et de forte actualité.
 
« Dans le cœur de chaque homme et de chaque femme habite en effet le désir d’une vie pleine, à laquelle appartient une soif irrépressible de fraternité, qui pousse vers la communion avec les autres, en qui nous ne trouvons pas des ennemis ou des concurrents, mais des frères à accueillir et à embrasser. En effet, la fraternité est une dimension essentielle de l’homme, qui est un être relationnel. La vive conscience d’être en relation nous amène à voir et à traiter chaque personne comme une vraie sœur et un vrai frère; sans cela, la construction d’une société juste, d’une paix solide et durable devient impossible. »
 
« Le nombre toujours croissant d’interconnexions et de communications qui enveloppent notre planète rend plus palpable la conscience de l’unité et du partage d’un destin commun entre les nations de la terre. Dans les dynamismes de l’histoire, de même que dans la diversité des ethnies, des sociétés et des cultures, nous voyons ainsi semée la vocation à former une communauté composée de frères qui s’accueillent réciproquement, en prenant soin les uns des autres. » Toutefois, contrairement à ces poussées vers l’autre se développe aussi une « mondialisation de l’indifférence, qui nous fait lentement nous habituer à la souffrance de l’autre, en nous fermant sur nous-mêmes. » Il nous faut choisir notre camp!
 
Le pape prend soin d’indiquer la source biblique d'où jaillit cette fraternité qu’il nous appelle à développer. Puisqu’il n’y a qu'un seul Père qui est Dieu, nous sommes tous des frères et sœurs. « La racine de la fraternité est contenue dans la paternité de Dieu. Il ne s’agit pas d’une paternité générique, indistincte et inefficace historiquement, mais bien de l’amour personnel, précis et extraordinairement concret de Dieu pour chaque homme. »  Il rejoint ainsi le message essentiel de Noël. Dans un amour inouï, Dieu a voulu librement se rendre dépendant de notre accueil. Il nous offre son Fils comme le cadeau le plus merveilleux. C’est à nous de consentir à l'accueillir et de le laisser produire des fruits d’amour dans notre vie. Alors, tout change. Devenus enfants de Dieu en Jésus, nous sommes appelés à reconnaître tout être humain comme un frère, une sœur, et capables de poser des gestes en conséquence.
 
Alors, la fraternité qui fleurit sur cet amour accueilli et donné est l’énergie qui nous motive à engager la lutte contre la pauvreté, la misère, la guerre, et qui nous donne le courage et la ténacité de passer à l’acte à notre niveau et où l’on est. La fraternité devient « fondement et route pour la paix ».  C’est déjà ce que disait Paul VI en affirmant que « le développement est le nouveau nom de la paix », ce qui a inspiré la création de l’organisme du Peuple de Dieu du Canada pour lutter contre les misères ponctuelles ou structurelles qui  minent la fraternité : Développement et Paix.
 
Mais ce ne sont là que quelques pépites de ce beau message. Je vous invite à aller le parcourir en ce temps qui nous incite à revenir à notre cœur pour l’ouvrir à l’appel de Celui qui nous aime et de ceux que nous n’aimons pas assez.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

lundi 23 décembre 2013

Des enfants ont faim

Durant « le temps des Fêtes », nous mangeons à satiété. Mais nous aimons bien aussi donner quelques dollars dans une guignolée ou quelques denrées non périssables pour une banque alimentaire. Par ailleurs, il existe des politiques de destruction alimentaire. « « Environ un tiers de la production alimentaire mondiale est indisponible en raison de pertes et de gaspillages toujours plus étendus. Il suffirait de les éliminer pour réduire de manière drastique le nombre des affamés », affirmait le pape le 16 octobre dernier. Ce vécu contradictoire ne répond pas à la situation réelle de notre monde où un milliard d’êtres humains, dont un grand nombre d'enfants, souffrent et meurent de la faim.
 
Le pape François a récemment lancé une campagne mondiale contre la faim, qualifiant cette situation de scandaleuse. Il s’adressait à la Caritas Internationalis qui est la confédération de 164 organisations  actives dans 200 pays, dont la nôtre : Développement et Paix. Le thème de cette campagne est : « Une seule famille humaine et de la nourriture pour tous les hommes. »
 
Le pape affirme : « Nous nous trouvons face au scandale mondial d’environ un milliard de personnes qui souffrent encore de la faim. Nous ne pouvons pas tourner le dos et faire semblant que ce problème n’existe pas. La nourriture disponible dans le monde suffirait à nourrir tout un chacun. » Et il spécifie que c’est une urgence de respecter ce « droit donné à chacun par Dieu, le droit d’avoir accès à une alimentation adéquate. »
 
Pour faire face à ce besoin primaire, il ne suffit pas de partager ce qui est dans notre assiette. Il faut aussi se faire les « promoteurs d’une authentique coopération avec les pauvres, pour qu’au travers de leur et de notre travail ils puissent vivre une vie digne. J’invite toutes les institutions du monde, toute l’Église et chacun de nous, comme une seule famille humaine, à nous faire l’écho des personnes qui silencieusement souffrent de la faim, afin que cet écho devienne un rugissement capable de secouer le monde. »
 
Cette campagne est une « invitation pour nous tous à devenir plus conscients de nos choix alimentaires, qui souvent comprennent le gaspillage d’aliments et une mauvaise utilisation des ressources que nous avons à disposition. C’est aussi une exhortation à arrêter de penser que nos actions quotidiennes n’ont pas d’impact sur les vies de ceux pour qui, proches ou lointains qu’ils soient. »
 
Quel défi! Comment nous y engager? Certes, en soutenant  Développement et Paix qui œuvre dans plusieurs parties du monde. Mais aussi en ne perdant pas les occasions de responsabiliser les élus des divers niveaux de gouvernement pour que soient efficacement mis en place des politiques et des lieux pour pallier à ce drame chez nous. Notre gouvernement s’était bien engagé à éradiquer ce drame de la vie des enfants canadiens avant l’an 2000. On est loin de cet objectif!
 
Jésus a dit que nous serons questionnés à ce sujet: « J’avais faim. M’avez-vous donné à manger? » C’est une question adressée à nos consciences, à notre Église, à notre société.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

mercredi 18 décembre 2013

Les célébrations de renouvellement de l’alliance

Le peuple d’Israël a cultivé une conscience dynamique que l'offre d’alliance divine est répétée par Dieu à chaque génération, avant que les chrétiens saisissent que c’est là une loi qui vaut pour toute l’histoire du salut et donc concerne tous les peuples. Il revient donc à chaque génération de s’approprier cette grâce et de consentir aux engagements religieux (ne pas servir d’idoles) et sociaux (soin des pauvres, justice pour les travailleurs, accueil des immigrants, en somme vie fraternelle) qui y étaient impliqués. C’est ainsi que nous trouvons dans la bible des célébrations périodiques de renouvellement de l’alliance (Deutéronome 31, 10-11), et aussi surtout lors de certains moments-clés de l’histoire du peuple. Ainsi Moïse avant de mourir donna l’ordre au Peuple d’un tel renouvellement (Deutéronome 27).
 
C’est ce que fait Josué après l'installation des tribus dans la Terre Promise. C’est alors que les tribus s'engagèrent solennellement par serment : « Plutôt mourir que d'abandonner le Seigneur pour servir d'autres dieux! » Josué insiste sur la conséquence fondamentale du choix radical fait ainsi par le peuple : « Alors, enlevez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, et tournez votre cœur vers le Seigneur, le Dieu d'Israël. » Et le peuple répond : « C'est le Seigneur notre Dieu que nous voulons servir, c'est à sa voix que nous voulons obéir. » Josué « conclut une Alliance pour le peuple. C'est à Sichem qu'il lui donna un statut et un droit. Josué inscrivit tout cela dans le livre de la loi de Dieu. » (Josué 24)
 
Lors du retour de l’exil, une grande fête de renouvellement de l’alliance est organisée. « Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les lévites traduisaient, donnaient le sens, et l'on pouvait comprendre. Néhémie le gouverneur, Esdras qui était prêtre et scribe, et les lévites qui donnaient les explications, dirent à tout le peuple : “Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu! Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas!” Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi. Esdras leur dit encore : “Allez, mangez des viandes savoureuses, buvez des boissons aromatisées, et envoyez une part à celui qui n'a rien de prêt. Car ce jour est consacré à notre Dieu! Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart!” Les lévites calmaient tout le peuple en disant : “Cessez de pleurer, car ce jour est saint. Ne vous affligez pas!” Puis tout le peuple se dispersa pour aller manger, boire, envoyer des parts à ceux qui n'avaient rien de prêt, et se livrer à de grandes réjouissances; en effet, ils avaient compris les paroles qu'on leur avait fait entendre. » (Esdras 8)
 
Il est bon de connaître cette longue tradition. Ainsi, nous saurons mieux situer et vivre la veillée pascale annuelle, temps pour la communauté de renouveler les promesses du baptême. Nous comprendrons aussi qu’à chaque messe dominicale, même à chaque célébration eucharistique, c’est bien un engagement renouvelé dans l’alliance nouvelle et éternelle que nous sommes provoqués à vivre.
(14e texte d’une série sur l’Alliance)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

samedi 14 décembre 2013

L’esclavage chez nous

J’ai longtemps pensé que l’esclavage était une vieille histoire, que c’était fini dans notre monde civilisé. Mais je lisais récemment avec stupeur qu’il y a aujourd’hui beaucoup plus d’esclaves qu’autrefois. On parle de trente millions de personnes tenues en esclavage. On fait quoi avec ces personnes réduites à la condition de « choses » à exploiter impunément?  Des enfants-soldats, de forçats exploités pour travailler ou pour mendier, mais surtout des femmes et enfants prostitués.
 
Et ce qui est terrible, cet esclavage « est devenu une chose normale, une chose acceptée, car désormais le fait qu’une personne puisse être vendue ou achetée fait partie de la culture ». C’est ce qu’a déclaré Sœur Eugenia Bonetti, Prix du citoyen européen 2013.
 
Et ça se passe aussi chez nous. On affirme que Montréal est la capitale du tourisme sexuel. Sans parler de l’esclavage sexuel, il y aurait plus de 6000 esclaves au Canada.
 
Une des causes de cette situation est l’extrême pauvreté qui sévit dans de multiples populations de la terre. Mais il faut aussi voir l’appât effréné du gain dans le cœur des personnes qui exploitent ces formes d’esclavage parmi nous, et de celles qui cherchent à en profiter. Ce sont là de graves négations de la dignité de toute personne humaine. Notre inconscience ou notre indifférence joue aussi en faveur de tels drames, dont nous sommes sans doute complices, comme en ce qui concerne les vêtements que nous portons.
 
Nous approchons de Noël. Nous y reconnaissons dans la foi que Jésus, c’est Dieu qui a pris notre condition humaine, proclamant par le fait même la dignité de toute personne humaine. Il est venu partager nos esclavages pour nous en libérer. C’est un bon moment pour réfléchir seul ou en communauté et prendre conscience de ces terribles réalités et comment nous nous y situons comme disciples de Jésus. Suivons-nous ses traces aujourd’hui? Notre pape François aussi nous montre le chemin vers ces esclaves de la peur, de l’exploitation et de notre indifférence.
 
Noël nous invite à une fraternité et à une solidarité renouvelées et actives avec nos frères et sœurs les humains répartis sur cette planète qui est destinée à être une demeure et un lieu de liberté pour chaque personne humaine. Quels gestes puis-je faire en ce sens?
 
† Roger Ébacher
Archevêque émérite de Gatineau

mercredi 11 décembre 2013

Vœux de Noël et du Nouvel An

Le cri antique résonne encore en ce Noël 2013 : « Éclatez en cris de joie, ruines de Jérusalem, car le Seigneur a consolé son peuple. » (Isaïe 52, 9)
 
Les ruines abondent parmi nous. Il est facile d’en faire une longue liste. Pensons à toutes les ruines causées par le chômage, le manque de logements, la violence sur les femmes et les enfants, la drogue, la corruption, la collusion, l’injustice sous tant de formes, la faim, la maladie, la guerre, les ruines intérieures et spirituelles qui écrasent et minent nos vies. Ce sont les ruines de notre propre maison : notre famille, notre ville ou village, notre humanité, la terre, l’air que nous respirons.
 
Et pourtant, nous osons proclamer à Noël : « La terre entière a vu le Sauveur que Dieu nous donne. » (Psaume 97, 3) « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière; sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre, une lumière a resplendi. […] Oui! un enfant nous est né, un fils nous a été donné; l’insigne du pouvoir est sur son épaule; on proclame son nom : “Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix”. » (Isaïe, 9, 1.5)
 
Et notre pape François, dans son exhortation sur La joie de l’Évangile, nous appelle à oser proclamer cette joie par toute notre vie.
 
Une année est devant nous pour traduire cette joie dans nos engagements envers les plus blessés par la vie. Nous pouvons travailler pour la paix dans le monde par notre prière, mais aussi jour après jour par nos humbles gestes pour bâtir la paix où nous sommes. Nous pouvons lutter contre les multiples pauvretés du cœur et du corps en nous engageant dans des œuvres humanitaires mondiales, mais aussi en allant vers ces personnes blessées ou marginalisées qui sont sur notre chemin quotidien.
 
Jésus sollicite nos cœurs, nos mains, nos pieds, notre bouche, notre sourire. Osons faire alliance avec Lui dans cette œuvre de paix et de joie, « la joie de l’Évangile »
 
Oui, que la joie de Noël habite nos cœurs!
Que l’an 2014 nous ouvre des chemins de service et de don dans la joie!
 
† Roger Ébacher
Archevêque émérite de Gatineau

vendredi 6 décembre 2013

L’alliance avec David

On cite ces dernières paroles du roi David : « Oui, ma maison est stable auprès de Dieu : il a fait avec moi une alliance éternelle, réglée en tout et bien assurée. »  Cette alliance avec la famille royale de David remonte au temps où David, s’étant bien installé à Jérusalem, voulut bâtir un temple pour le Seigneur. Dieu refuse et l’avertit par le prophète Nathan que c’est plutôt Lui qui bâtira pour David une Maisonnée : « Quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, je maintiendrai après toi le lignage issu de tes entrailles et j'affermirai pour toujours son trône royal. […] Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant moi, ton trône sera affermi à jamais. » (2 Samuel 7, 12-16)
 
Cette promesse d’alliance éternelle avec la Famille royale de David a été abondamment reprise dans les textes bibliques. Ainsi nous lisons : « Yahvé l'a juré à David, vérité dont jamais il ne s'écarte : “C'est le fruit sorti de tes entrailles que je mettrai sur le trône fait pour toi”. » (Psaume 132, 11) (3) Et le deuxième livre des Chroniques répète de roi en roi cette alliance divine infrangible. Ainsi à Salomon : « Je maintiendrai ton trône royal comme je m'y suis engagé envers ton père David quand j'ai dit : Il ne te manquera jamais un descendant qui règne en Israël. » (2 Chroniques 7,18)
 
Cette alliance davidique a joué un rôle très important dans les attentes messianiques du peuple, en particulier durant l’absence de roi, comme durant l’exil. C’est aussi à cette alliance que réfère l’ange quand il annonce à Marie : « Tu vas concevoir et enfanter un fils; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père;  il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. » Luc 1, 26-37 Cette même attente du Roi-Messie descendant de David est aussi souvent présente dans les Évangiles.
 
Il est important que nous sachions identifier ces connexions qui tissent le grand plan de salut de Dieu pour tous les humains. Ces chemins divins sont souvent encore aujourd’hui pour nous fort mystérieux, comme ils le furent pour Marie, quelques autres femmes et le disciple Jean quand ils lurent l’inscription affichée par un païen représentant la puissance impériale à la croix de Jésus mourant : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs. » (Jean 19, 19)
(13e texte d’une série sur l’Alliance)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau