vendredi 4 octobre 2013

L’alliance avec Abraham (1ière partie)

Les descendants de Noé, en commençant par son fils Cham, ont brisé l’alliance divine que Dieu avait conclue avec tous les humains et la nature entière lors de la création. C’est ce que nous raconte la fin du chapitre 9 et les chapitres 10 et 11 de la Genèse. On y lit que Dieu voulait un ordre cosmique, social et religieux marqué par la pluralité des nations dans le respect mutuel et la paix. Mais, dans son orgueil, l’humanité a voulu faire elle-même cette unité selon son propre modèle : l'uniformité. Alors, Dieu décide de faire cesser la construction d’une telle civilisation, cette « tour de Babel », et disperse les humains sur la terre. Puis, pour rassembler cette humanité dispersée, Dieu choisit Abraham avec qui il fera deux alliances (Genèse 12ss).  Ainsi en lui seront bénies toutes les nations de la terre.
 
Le premier récit se trouve dans Genèse 15. Toute l’initiative de cette alliance vient de Dieu et de sa bienveillance. Et elle vise une vie de communion, d’amitié entre les deux partenaires : Abraham sera nommé « l’ami de Dieu ». Mais ce nomade venu de Mésopotamie s’appelle alors Abram et il vit encore des idées païennes de ses ancêtres. Dieu se fait connaître à lui comme le vrai Dieu, le vivant présent dans toutes les circonstances de sa vie. Abram peut toujours compter sur lui avec confiance. Car Dieu sera son fidèle allié et ami. Il lui promet une descendance et une terre. Abram ose croire à la promesse incroyable de Dieu : son couple est stérile et la terre est déjà possédée par les Cananéens. Abram ouvre son coeur à Dieu et lui soumet ses questions, auxquelles Dieu répond par une alliance.
 
Abram apporta les animaux demandés par Dieu. Il « les partagea par le milieu et plaça chaque moitié vis-à-vis de l'autre; cependant il ne partagea pas les oiseaux. Les rapaces s'abattirent sur les cadavres, mais Abram les chassa. Comme le soleil allait se coucher, une torpeur tomba sur Abram et voici qu'un grand effroi le saisit. Yahvé dit à Abram : “Sache bien que tes descendants seront des étrangers dans un pays qui ne sera pas le leur. Ils y seront esclaves, on les opprimera pendant 400 ans. Mais je jugerai aussi la nation à laquelle ils auront été asservis et ils sortiront ensuite avec de grands biens. Pour toi, tu t'en iras en paix avec tes pères, tu seras enseveli dans une vieillesse heureuse.” […] Quand le soleil fut couché et que les ténèbres s'étendirent, voici qu'un four fumant et un brandon de feu passèrent entre les animaux partagés. Ce jour‑là Yahvé conclut une alliance avec Abram en ces termes : “À ta postérité je donne ce pays, du Fleuve d'Égypte jusqu'au Grand Fleuve, le fleuve d'Euphrate.” »
 
Par cette alliance, Abram reçoit la garantie que Dieu l’accompagnera dans ses cheminements et n’abandonnera pas ses descendants. Les rapaces représentent les dangers dans sa vie et dans celle de sa large famille. Mais ils seront chassés. Malgré les échecs et dangers qui s’accumuleront sur le chemin d’Abram et de ses descendants, la parole de Dieu est irrévocable et en Abram seront bénies toutes les nations de la terre.
 
Il faut noter que Dieu seul passe entre les quartiers des animaux immolés. Par là, Dieu jure par serment sur lui-même que sa promesse est solide. L’alliance de Dieu est un don qui ne vient que de la miséricordieuse fidélité divine. Dieu donnera un fils, une descendance innombrable comme les étoiles du ciel et le sable de la mer, une terre où ruissèleront le lait et le miel, tel que promis.
 
Abram, lui, est appelé à la confiance absolue et à marcher selon les indications de la parole divine. Au cœur des contradictions et des multiples épreuves, il doit vivre dans une foi attentive, accueillante, audacieuse et tenace, en restant toujours disponible au projet divin sur lui et sur l’humanité dont il porte la bénédiction pour des générations et des générations.
 
Cette figure d’Abraham le croyant doit être notre guide pour que, Église, nous soyons ensemble un phare dans ce monde obscur. Notre culture actuelle a bien besoin d’un peu de lumière pour trouver des chemins de paix, de réconciliation et de construction d’un monde fraternel. N’est-ce pas là un appel pour toutes les personnes, dont nous sommes, qui se reconnaissent enfants d’Abraham?
(5e texte d’une série sur l’Alliance)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau