mercredi 19 juin 2013

Deux regards sur notre monde

Le regard émerveillé
Un courant profond de la Bible est alimenté par un regard optimiste : celui de la confiance et d’élan et de joie. Notre monde est créé par Dieu parce qu’il le veut et l’aime. La bénédiction originelle nous rejoint dans nos racines les plus intimes.

Le texte de la Genèse ne cesse de répéter à chaque étape de la création : « Dieu vit que cela était bon ». Et à la fin de tout cet ouvrage, Dieu est enthousiaste : « Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon. » (Genèse 1).Quant au second récit de création (Genèse 2), il est plein de vitalité, d‘exubérance, de poésie. On sent bien que Dieu est très content de son œuvre.

Le regard angoissé
L’autre courant profond qui habite toutes les Écritures est un regard pessimiste. Il note toujours le péché et tous les péchés. Et cela depuis Caïn et Abel, puis Ésaü et Jacob, frères qui s’entretuent. Ils sont comme les types, les résumés de notre histoire humaine.

Un regard d’espérance
Mais Dieu ne cesse pas de promettre ses bénédictions à notre humanité et à notre terre. Cette espérance ne concerne pas seulement la vie éternelle après la mort, mais aussi l’amélioration de la vie sur terre. Aussi, un engagement social fait dans la foi est un geste d’espérance. Et ceux qui s’opposent à la justice blessent Dieu parce qu’ils l’empêchent de réaliser une humanité comme il la veut : juste et fraternelle, une humanité selon son cœur.

Ces deux regards sont légitimes et vrais. Mais ces deux lectures de notre histoire quotidienne doivent trouver leur harmonie et leur équilibre. Elles ne se nouent que sur la croix de Jésus. Les récits de l’histoire sainte nous disent la fidélité de Dieu à son œuvre. Et c’est sur la croix que se révèle l’extrême de sa tendresse, de sa miséricorde. Il faut souvent demander à l’Esprit d’attirer les regards de notre cœur vers la croix de Jésus et son cœur transpercé, réponse à l’énigme de notre histoire et espérance indéfectible sur les routes de notre pèlerinage terrestre.

†Roger Ébacher
Archevêque de Gatineau