jeudi 23 mai 2013

Vatican II : comment servir le monde à la manière de Jésus?

Le texte conciliaire sur l’Église dans le monde de ce temps a voulu ouvrir l’Église au monde d’aujourd’hui, ce monde tendrement et fidèlement aimé de Dieu (Jean 3,16). Que visait-il? Les Pères conciliaires sont allés dans la ligne demandée par Jean XXIII lors de l’ouverture du concile et fermement reprise par Paul VI dans sa première encyclique « L’Église doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. L’Église se fait parole; l’Église se fait message; l’Église se fait conversation » (par. 67).

« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. […]  La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. » (par. 1)

Ce fut le chemin suivi par le Verbe de Dieu qui s'est Lui-même fait chair et est venu habiter la terre des hommes. Il est entré dans l'histoire du monde. Il nous enseigne que la loi fondamentale de la perfection humaine, et donc de la transformation du monde, est le commandement nouveau de l'amour. Suivant ce chemin, nos efforts qui tendent à instaurer une fraternité universelle ne sont pas vains.

L’Église catholique avait, au début du concile en 1962, de la difficulté à communiquer avec le monde réel, concret, historique de son temps. Elle était tentée de rester dans ses murs en se sentant assiégée et de succomber ainsi à la peur de l’autre. Jean XXIII l’a interpelée fortement.

Le Concile nous propose encore aujourd’hui les attitudes de témoignage, de solidarité et de service. En développant ces trois attitudes, nous pouvons humblement être ce que Jésus nous demande : « le sel de la terre et la lumière du monde » (Matthieu 5, 13-14). C’est là un appel missionnaire pour chez nous. C’est la mission de savoir que l’Esprit nous a précédés dans ce monde. Il faut en reconnaître les valeurs, en détecter les limites et indiquer avec l’Évangile des chemins d’avenir dans une espérance jamais naïve, mais jamais pessimiste, car « Dieu aime ce monde » Jean 3,16). Dieu a créé ce monde, Dieu a racheté ce monde, Dieu nous précède par son Esprit dans ce monde.
(44e et dernier texte de la série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau