mardi 23 avril 2013

Vatican II et notre souci des pauvres?

La constitution dogmatique sur l’Église est un texte fondamental. Il a été voulu par les Pères conciliaires afin de donner une puissante impulsion à un renouveau ecclésial par un ressourcement dans la Trinité sainte et par une nouvelle prise de conscience de son authentique nature de Peuple de Dieu, de Corps du Christ, de Temple de l’Esprit.

Paul VI, à Bethléem le 6 janvier 1964, a identifié le défi qui nous est posé encore aujourd’hui : « Nous devons assurer à la vie de l'Église une nouvelle façon de sentir, de vouloir et de se comporter; lui faire retrouver une beauté spirituelle sous tous les aspects  […] Il faudra un effort unanime auquel tous les groupements devront apporter leur collaboration. Que chacun entende l’appel que lui adresse le Christ par Notre voix ». Ce n’est sans doute pas par hasard que le pape a prononcé ces paroles dans ce lieu que Dieu a choisi pour venir vivre parmi les pauvres de la terre. Paul VI note bien qu’il fait ainsi écho à un appel pressant du Christ Jésus.

Les Pères conciliaires ont voulu que l’Église retrouve sa source, son centre, le cœur de sa vie : Jésus. C’est le Christ qui est la lumière des nations et l’Église en est l’instrument. L’Évangile est sa loi essentielle, pour éclairer sa vie, ses décisions et sa mission. Parmi les images variées dont se sert Vatican II pour évoquer le Mystère de l’Église, une a été surtout retenue : celle du Peuple de Dieu. Cette image nous interpelle et nous dérange! Que de fois je me fais dire que nous ne sommes pas encore dans une telle Église! C’est là une interpellation à sans cesse écouter dans le discernement, le courage et la patience.

Nous lisons dans le texte conciliaire sur l’Église cette affirmation fondamentale : « Le Christ a accompli son œuvre rédemptrice dans la pauvreté et la persécution; ainsi l'Église est-elle appelée à prendre la même voie pour communiquer aux hommes les fruits du salut. […] Le Christ a été envoyé par le Père “pour évangéliser les pauvres... guérir les cœurs brisés” (Lc 4, 18), “chercher et sauver ce qui était perdu” (Lc 19, 10). De même l'Église entoure tous ceux qu'afflige l'infirmité humaine; bien plus, elle reconnaît dans les pauvres et en ceux qui souffrent l'image de son Fondateur pauvre et souffrant, elle s'emploie à soulager leur détresse et veut servir le Christ en eux » (8). Il est affirmé que les évêques doivent  « inculquer aux fidèles l'amour (…) particulièrement des membres pauvres et souffrants, l'amour de ceux qui sont persécutés pour la justice »(23). Ou encore : « Quant à ceux qui sont accablés par la pauvreté, la faiblesse, la maladie et l'adversité, ou qui souffrent persécution pour la justice, qu'ils se sachant unis de façon particulière au Christ souffrant pour le salut du monde. Le Seigneur dans son Évangile les a proclamés bienheureux »(41).

Quel est notre accueil des pauvres du milieu ou des itinérants? Comment soutenons-nous efficacement les organismes qui aident les pauvres? Comment nous engageons-nous pour lutter contre les causes structurelles de la pauvreté chez nous et dans le monde?  Pourquoi ne pas prendre un temps d’évaluation dans chaque communauté ou groupe sur nos façons de vivre ou de garder en marge cette orientation évangélique et conciliaire?
(40e texte de la série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau