mercredi 10 avril 2013

Vatican II : des promesses en germination (2e partie)

Ce concile a modifié l’attitude de notre Église face au monde. Son appel à une ouverture nouvelle à notre monde et à une attention aux réalités de nos sociétés contemporaines a été entendu. Ainsi, il a donné des fruits dans la promotion de la liberté religieuse, dans la reconnaissance des valeurs propres des autres communautés chrétiennes, des autres religions, des mouvements porteurs d’un idéal de libération humaine. En somme, le souffle de Vatican II a poussé à une conversion des esprits aux aspects positifs de l’aventure humaine d'aujourd'hui.  On a découvert une relation essentielle de l’Église au monde. Ce fut une formidable ouverture au dialogue. Ce fut aussi l’appel à prêter plus attention aux signes des temps.

L’Église est aussi devenue plus engagée dans la question de la paix mondiale. Déjà, Jean XXIII dans son dernier texte important avait insisté sur cette nécessité pour l’Église catholique d'être présente à ce souci mondial et essentiel pour l’avenir de l'humanité. S’est fait aussi sentir un effort, qui eut certains effets, pour devenir une Église plus humble, plus attentive aux pauvres de toutes sortes dans le monde. On a pris conscience du lien essentiel entre la justice, le partage des biens, la paix et l’avenir de toute l'humanité sur notre planète.

Cette orientation a poussé à un renouveau des Églises locales, les diocèses vus comme devant apporter l’Évangile dans les cultures locales comme un ferment de renouveau humain et chrétien.  Il s’agit de réaliser l’Église dans la culture d’ici, dans le territoire d’ici. Dans ce domaine, le renouveau liturgique a été très important en appelant à  une participation effective de tous les baptisés.

D’autres aspects, surtout internes à la vie même de l’Église, semblent germer plus difficilement. Il en est ainsi de la collégialité, pourtant clairement affirmée par les Pères conciliaires. De plus, les thèmes explicitement retirés de l’agenda du concile (réforme de la curie, synode, célibat des prêtres, contrôle des naissances) continuent à s’affirmer comme cruciaux pour notre Église.

Il revient à chacun de faire son bilan. Je crois que la semence est dans la terre et germera. Mais certaines se perdront, seront ignorées ou rejetées avec le temps. Il se fera un discernement au niveau du vécu et des choix historiques dans les conditions changeantes qui sont les nôtres. Le concile révèlera clairement son potentiel de renouveau de l’Église et de sainteté à travers l’épreuve du temps. C’est ainsi que Dieu agit dans notre histoire. À travers les accueils, les réticences, les refus et les rejets, il poursuit son œuvre de grâce et de salut. J’y vois un appel à l’espérance, au courage, à l’engagement concret dans les communautés pour devenir ensemble plus dociles à l’Esprit. La Pentecôte demandée par Jean XXIII porte encore des promesses d’avenir.
(38e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau