samedi 16 février 2013

Vatican II : ce que voulait Jean XXIII

Pourquoi le bon pape Jean XXIII a-t-il décidé quelques mois après son élection de convoquer un concile œcuménique. À première vue, il semblait bien que c'était inutile. Depuis que le dogme de l’infaillibilité pontificale avait été proclamé, fallait-il encore des conciles? Et puis, il n’y avait pas de doctrine à condamner, les papes précédents ayant promulgué ces condamnations depuis quelques siècles. L’Église semblait en sécurité, comme dans un château fort d’où elle se défendait de ses ennemis, tant externes qu'internes, multipliant condamnations, exclusions et punitions diverses.

Mais Jean XXIII a jugé qu’il y avait diverses raisons, et urgentes, d’appeler un tel concile œcuménique. Le 25 janvier 1959, devant les quelques cardinaux présents à St-Paul-hors-les-Murs et muets de stupeur, il a annoncé sa ferme décision, laissant même entendre que ça lui venait d'une inspiration divine.

On peut relever 4 buts voulus par Jean XXII pour ce concile : contribuer à la sanctification du peuple chrétien; annoncer la Bonne Nouvelle (l’Évangile, la saine doctrine catholique) au monde d'aujourd'hui de façon à en être compris; ouvrir un chemin vers l'unité des croyants des diverses confessions chrétiennes; œuvrer à l’unité et à la paix du genre humain tout entier.

Telle que formulée devant les cardinaux le 25 janvier 1959, la visée de la sanctification du peuple chrétien a pu sembler banale et n’exigeant pas un concile. Jean  XXIII a dit que le concile devait promouvoir « l’illumination, l’édification et la joie du peuple chrétien tout entier. » Pourtant, cet appel a été entendu et honoré par les Pères conciliaires. Les textes produits par le concile sont souvent inspirés par cet appel à la conversion intérieure, à la sainteté.

Jean XXII donnait aux évêques qui entraient en concile une orientation qui allait devenir tout à fait fondamentale : « Ce qui est très important pour le concile œcuménique, c'est que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit conservé et présenté d'une façon plus efficace. » C’était demander aux Pères conciliaires d’avoir un nouveau regard sur le monde et une nouvelle façon de lui parler. C’était en somme appeler un tout nouveau style conciliaire, fait non pas de condamnations, mais d’amour, de miséricorde et dialogue, d’amitié.

Jean XXIII, à la surprise générale, avait invité des observateurs orthodoxes, anglicans et protestants à venir au concile, à être présents dans la même salle que les Pères conciliaires. Le 11 octobre 1962, il affirmait que c’était un devoir fondamental de l'Église catholique de faire tous ses efforts pour parvenir à l’unité pour laquelle Jésus a prié juste avant sa passion et sa mort pour le salut de tous les humains. Cette présence des observateurs  a été essentielle pour débloquer l’avenir en dépassant les réactions violentes qui ont suivi la Réforme du 16e siècle.  Peu à peu, malgré de vives oppositions, le concile a compris qu’il ne pouvait pas éviter un texte sur l'œcuménisme.

À l'ouverture du concile, le monde vivait d'énormes tensions menaçant de conduire à une guerre nucléaire. Par ailleurs, ce monde était assoiffé de paix. De plus, le phénomène de mondialisation qui se développait alors très rapidement exigeait que l’Église s’engage de toutes ses forces à préserver la paix entre les peuples et à œuvrer à l’unité du genre humain.

Quel programme! Il est bon de contempler comment l'audace calme de ce pape a provoqué des transformations radicales qui ont marqué et marquent encore l'Église catholique et toute la planète.
(30e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau