vendredi 18 janvier 2013

Vatican II et la sainteté

Le bon pape Jean XXIII a voulu que le Concile travaille surtout à provoquer et développer un renouveau fondamental de la vie chrétienne en Église. Dans sa bulle de convocation du concile, il écrivait : « Le prochain Concile œcuménique aura donc lieu à un moment où l'Église ressent plus vivement le désir de donner une nouvelle vigueur à sa foi ». Et il ajoutait qu’il y a urgence à promouvoir la sanctification de ses membres. Ainsi seront mises « en évidence la vie et la perpétuelle jeunesse de notre mère l'Église. »

Ainsi orienté, le concile a développé dans tous ses documents cette préoccupation pour la sainteté de ses membres. Toutefois, c’est dans la Constitution sur l’Église qu’on trouve une élaboration très riche de ce thème. Intitulé « La vocation universelle à la sainteté dans l’Église », le chapitre V affirme d’emblée : « Dans l’Église, tous, qu’ils appartiennent à la hiérarchie ou qu’ils soient régis par elle, sont appelés à la sainteté. » (par. 39)

On y rappelle que «Maître divin et modèle de toute perfection, le Seigneur Jésus a prêché à tous et chacun de ses disciples, quelle que soit leur condition, cette sainteté de vie dont il est à la fois l’initiateur et le consommateur. » C’est bien ce que montre la parole évangélique : «Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (Matthieu 5, 48) Pour que cette sainteté s’implante et croisse dans les cœurs, Jésus Ressuscité a envoyé son Esprit à tous les baptisés « pour les mouvoir de l’intérieur à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de toute leur intelligence et de toutes leurs forces, et aussi à s’aimer mutuellement comme le Christ les a aimés. »

«Les disciples du Christ sont véritablement devenus par le baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et, par là même, réellement saints. Cette sanctification qu’ils ont reçue, il leur faut donc, avec la grâce de Dieu, la conserver et l’achever par leur vie. » (par. 40) Et le concile se fait insistant, même redondant : « Il est donc bien évident pour tous que l’appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s’adresse à tous ceux qui croient au Christ, quel que soit leur état ou leur forme de vie ; dans la société terrestre elle-même, cette sainteté contribue à promouvoir plus d’humanité dans les conditions d’existence. Les fidèles doivent s’appliquer de toutes leurs forces, dans la mesure du don du Christ, à obtenir cette perfection, afin que, marchant sur ses traces et se conformant à son image, accomplissant en tout la volonté du Père, ils soient avec toute leur âme voués à la gloire de Dieu et au service du prochain. Ainsi la sainteté du Peuple de Dieu s’épanouira en fruits abondants, comme en témoigne avec éclat à travers la vie de tant de saints l’histoire de l’Église. » (par.40)

Puis le concile énumère les formes multiples d’exercice de cette unique sainteté. Il applique ses réflexions à tous les états de vie dans l’Église. Car « il n’y a qu’une seule sainteté cultivée par tous ceux que conduit l’Esprit de Dieu et qui, obéissant à la voix du Père et adorant Dieu le Père en esprit et en vérité, marchent à la suite du Christ pauvre, humble et chargé de sa croix, pour mériter de devenir participants de sa gloire. Chacun doit inlassablement avancer, selon ses propres dons et fonctions, par la voie d’une foi vivante, génératrice d’espérance et ouvrière de charité. » (par. 41)

Viennent enfin quelques moyens pour soutenir la croissance de cette sainteté : la charité et tout ce qu’il faut pour qu’elle garde son énergie. Il s’agit alors de la Parole de Dieu, des sacrements, de la prière. Notre chemin est l’imitation de la charité et de l’humilité du Christ Jésus.

Ces pages sont très riches, mais semblent être une mine enfouie profondément et non encore découverte. C’est un appel intense à ressourcer notre vie chrétienne, comme le bon pape Jean le souhaitait si intensément. Car cette sainteté est la condition du rayonnement de l’Évangile pour que s’instaure peu à peu dans les cœurs et les sociétés plus d’amour, de justice et de paix.
(24e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau