dimanche 20 janvier 2013

Vatican II et la liturgie

La constitution conciliaire sur la liturgie base sa réflexion sur les buts fixés par Jean XXIII pour ce concile : « Puisque le saint Concile se propose de faire progresser la vie chrétienne de jour en jour chez les fidèles; de mieux adapter aux nécessités de notre époque celles des institutions qui sont sujettes à des changements; de favoriser tout ce qui peut contribuer à l’union de tous ceux qui croient au Christ, et de fortifier tout ce qui concourt à appeler tous les hommes dans le sein de l’Église, il estime qu’il lui revient à un titre particulier de veiller aussi à la restauration et au progrès de la liturgie. » (par.1)

Ce fut le premier document ratifié par le pape et les évêques. Car on y avait profité des remarquables travaux du mouvement liturgique vécu depuis plusieurs décennies.  Nous avons eu ainsi un texte d’une riche beauté qui doit guider notre compréhension de la liturgie et notre prière. Je me limite ici à citer le cœur de la dynamique essentielle de toute liturgie.

« Le Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques. Il est là présent dans le sacrifice de la messe, et dans la personne du ministre, “le même offrant maintenant par le ministère des prêtres, qui s’offrit alors lui-même sur la croix” et, au plus haut degré, sous les espèces eucharistiques. Il est présent, par sa puissance, dans les sacrements au point que lorsque quelqu’un baptise, c’est le Christ lui-même qui baptise. Il est là présent dans sa parole, car c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures. Enfin il est là présent lorsque l’Église prie et chante les psaumes, lui qui a promis : “Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux” (Mt 18, 20). Effectivement, pour l’accomplissement de cette grande œuvre par laquelle Dieu est parfaitement glorifié et les hommes sanctifiés, le Christ s’associe toujours l’Église, son Épouse bien-aimée, qui l’invoque comme son Seigneur et qui, par la médiation de celui-ci, rend son culte au Père éternel. » (par. 7)

En résumé, « dans la liturgie, Dieu parle à son peuple; le Christ annonce encore l’Évangile. Et le peuple répond à Dieu par les chants et la prière. […] Par conséquent, toute célébration liturgique, en tant qu’œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Église, est l’action sacrée par excellence dont nulle autre action de l’Église ne peut atteindre l’efficacité au même titre et au même degré. » (par. 33)

Précédée dans le cœur des fidèles par la foi et la conversion, la sainte liturgie devient alors la source d’une vie chrétienne de qualité, vivante et engagée dans la mission.  C’est pourquoi le concile ajoutait : « La liturgie est le sommet vers lequel tend l’action de l’Église, et en même temps la source d’où découle toute sa vertu. Car les labeurs apostoliques visent à ce que tous, devenus enfants de Dieu par la foi et le baptême, se rassemblent, louent Dieu au milieu de l’Église, participent au sacrifice et mangent la Cène du Seigneur. (par. 10)

Ce principe fondamental donne le sens profond de tout le document et de ses applications dans la réforme liturgie qui a suivi Vatican II.  Il est vrai que les discussions et même les dissensions n’ont pas cessé depuis 1965 autour du texte conciliaire et de ses suites. Toutefois, cette réforme a permis de nouveau au Peuple de Dieu de participer activement à l’action liturgique, de comprendre mieux ce qui s’y vit et de se ressourcer dans cette fontaine inépuisable de vie chrétienne, apostolique, missionnaire et mystique. La liturgie est la grande école de la foi et de la spiritualité chrétiennes.
(25e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau