mercredi 28 novembre 2012

Vatican II, la guerre et la paix

Il y a cinquante ans, c’était la « guerre froide » confrontant les deux grands blocs américain et soviétique. On y a risqué en 1962, donc au tout début du Concile Vatican II, un affrontement meurtrier lors du blocus de Cuba.  L’intervention du pape Jean XXIII fut alors cruciale pour éviter ce désastre. Et juste avant de mourir Jean XXIII a pu signer l’encyclique qui a marqué son temps et est encore d’actualité : « Pacem in terris ».  Ce texte a d’ailleurs fortement inspiré l’intervention des évêques au concile sur ce sujet de la guerre et de la paix.

Depuis, la situation mondiale a bien changé. Nous vivons actuellement dans un monde éclaté où les guerres régionales, exacerbées par les disparités quant aux besoins fondamentaux et les fondamentalistes de toutes sortes, se multiplient au risque d’enflammer la planète.  Mais l’enseignement de Vatican II reste toujours actuel. Il va aux sources véritables de la paix dans son texte « L’Église dans le monde de ce temps ». (par. 77-90)

« La paix n’est pas une pure absence de guerre et elle ne se borne pas à assurer l’équilibre de forces adverses; elle ne provient pas non plus d’une domination despotique ». Elle est « œuvre de justice » (Isaïe 32, 17). « Elle est le fruit d’un ordre inscrit dans la société humaine par son divin fondateur, et qui doit être réalisé par des hommes qui ne cessent d’aspirer à une justice plus parfaite. » La paix n’est jamais une chose acquise une fois pour toutes : elle est sans cesse à construire.

Mais il faut ajouter que cette paix suppose la sauvegarde du bien des personnes, la libre et confiante communication entre les hommes des richesses de leur esprit et de leurs facultés créatrices. « La ferme volonté de respecter les autres hommes et les autres peuples ainsi que leur dignité, la pratique assidue de la fraternité sont absolument indispensables à la construction de la paix. Ainsi la paix est-elle aussi le fruit de l’amour qui va bien au-delà de ce que la justice peut apporter. »

En somme, les sources vitales de la paix à tous les niveaux de la vie humaine (de la paix dans le cœur à la paix mondiale en passant par la paix dans les couples, les familles, les peuples) sont la justice, fruit d’un véritable développement et d'un partage équitable des biens, et l’amour du prochain qui nous rend capables de dépasser nos limites, de reconnaître l’autre dans sa dignité et dans ses droits.

Pour nous, chrétiens, la source fondamentale de la paix est le Christ Jésus. « Car le Fils incarné en personne, prince de la paix, a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa croix, rétablissant l’unité de tous en un seul peuple et un seul corps. Il a tué la haine dans sa propre chair et, après le triomphe de sa résurrection, il a répandu l’Esprit de charité dans le cœur des hommes. » Œuvrer à la paix est un appel fondamental de notre foi. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » (Matthieu 5,9)
(14e texte d’une série sur Vatican II)
†Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau