dimanche 25 novembre 2012

Vatican II et la politique

Depuis plusieurs mois, l’intégrité des élus responsables de notre destin politique est mise en question. Les allégations de corruption et de collusion pleuvent. Et l’existence même de la Commission Charbonneau montre que la population perçoit qu’il y a là un danger de grande ampleur pour notre vie civique. Mais ça ne semble pas être une histoire récente, d’après certaines recherches! Et le phénomène ne nous est pas réservé. Il semble bien enraciné en Chine, en Italie. Et il serait facile de multiplier les exemples.

De plus, l’activité politique semble se polariser de plus en plus et par le fait même polariser et diviser les populations. On parle du « combat politique » et des affrontements. La logique du conflit fait voir l’autre comme l’ennemi. Le réflexe du vainqueur est souvent d'ignorer les arguments et valeurs du vaincu. De telles mœurs politiques mettent en question la cohésion sociale et la paix.

Il faut s’interroger sur les principes éthiques qui sont à la base les choix politiques des candidats et des élus dans nos régimes démocratiques. Vatican II nous offre quelques pistes dans son document sur « L’Église dans le monde de ce temps » (par. 73-76). J’en épingle quelques aspects.

« Pour instaurer une vie politique vraiment humaine, rien n’est plus important que de développer le sens intérieur de la justice, de la bonté, le dévouement au bien commun, et de renforcer les convictions fondamentales sur la nature véritable de la communauté politique, comme sur la fin, le bon exercice et les limites de l’autorité publique. » (par. 73.5)

Une communauté existe « pour le bien commun; elle trouve en lui sa pleine justification et sa signification et c’est de lui qu’elle tire l’origine de son droit propre. Quant au bien commun, il comprend l’ensemble des conditions de vie sociale qui permettent aux hommes, aux familles et aux groupements de s’accomplir plus complètement et plus facilement. » (par. 74.1) Il s’ensuit que l’exercice de l’autorité politique dans une communauté humaine doit se vivre « dans les limites de l’ordre moral, en vue du bien commun. […] D’où, assurément, la responsabilité, la dignité et l’importance du rôle de ceux qui gouvernent. »

L’activité politique est un art très difficile, mais très noble. Elle exige que les personnes « s’y livrent avec zèle, sans se soucier de leur intérêt personnel ni des avantages matériels. Ils lutteront avec intégrité et prudence contre l’injustice et l’oppression, contre l’absolutisme et l’intolérance, qu’elles soient le fait d’un homme ou d’un parti politique; et ils se dévoueront au bien de tous avec sincérité et droiture, bien plus, avec l’amour et le courage requis par la vie politique. » (par. 75.6)

Ces principes éthiques sont capables, si vécus avec le soutien des citoyennes et citoyens, d’assainir les mœurs dans ce domaine si important et peuvent permettre à l’État de jouer son rôle par rapport à tous et particulièrement aux personnes les plus faibles et aux plus démunies, dans une optique de fraternité et de paix.
(13e texte de la série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau