samedi 3 novembre 2012

Vatican II et la nécessité de l’évangélisation

Vatican II enseigne qu’on peut faire son salut en dehors de l’Église, même dans l’ignorance du Christ Jésus, ou encore de Dieu. Cette affirmation rejoint l’enseignement du même concile au sujet de la liberté religieuse : toute personne doit pouvoir suivre librement la voie indiquée par sa conscience et ne peut pas être forcée à adhérer à une religion ou à une foi. Certains en ont conclu qu’il ne faut plus vivre une attitude missionnaire.

Ce n’est pourtant pas ce qu’a enseigné le concile dans son décret sur « L’activité missionnaire de l’Église. »  On y lit que l’activité missionnaire découle de la volonté de Dieu, qui « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car il n’y a qu’un seul Dieu, et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Jésus Christ, qui s’est livré en rançon pour tous » (1 Tm 2, 4-5) « Bien que Dieu puisse par des voies connues de lui amener à la foi sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu (He 11, 6) des hommes qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile, la nécessité incombe cependant à l’Église (cf. 1 Co 9, 16) – et en même temps elle en a le droit sacré – d’évangéliser, et par conséquent son activité missionnaire garde, aujourd’hui comme toujours, toute sa force et sa nécessité. » (par. 7)

Paul VI, dans son document sur « L’évangélisation dans le monde moderne » a senti le besoin de revenir sur la question. Il fait allusion à l’opinion voulant qu’il soit inutile d’annoncer l’Évangile « puisque tout le monde est sauvé par la droiture du coeur? » Et aussi à celle voulant que ce soit « une illusion de prétendre porter l’Évangile là où il est déjà dans ces semences que le Seigneur lui-même y a jetées. » (par.80)

Il rappelle que ce serait certes une erreur d’imposer quoi que ce soit à la conscience d’autrui.  « Mais c’est tout autre chose de proposer à cette conscience la vérité évangélique et le salut en Jésus-Christ en pleine clarté et dans le respect absolu des options libres qu’elle fera ». Ce n’est pas « un attentat à la liberté religieuse, c’est un hommage à cette liberté à laquelle est offert le choix d’une voie que même les non croyants estiment noble et exaltante.  Est-ce donc un crime contre la liberté d’autrui que de proclamer dans la joie une Bonne Nouvelle que l’on vient d’apprendre par la miséricorde du Seigneur ? C’est plutôt un devoir de l’évangélisateur. »

Présenter Jésus et l’Évangile à ceux qui ne les connaissent pas est une exigence intérieure pour la personne qui a vraiment expérimenté la beauté, la bonté, la joie de croire en ce Dieu miséricordieux au point de nous donner son Fils par amour.  C’est aussi une exigence de l’amour porté aux humains et à leur recherche de bonheur, de paix, de fraternité.

Certes, nous ne voulons pas ainsi enfermer l’Esprit-Saint dans les limites d’une Église. L’amour de Dieu n’a pas de bornes, de limites et rien ne lui est impossible. Mais c’est un devoir d’amitié de partager ce grand plan de générosité de Dieu qui veut faire de nous ses enfants rassemblés en Jésus, dans l’amour et la solidarité.
(7e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau