dimanche 18 novembre 2012

Vatican II et la culture

La culture est importante dans notre société. Le mot lui-même a plusieurs sens.  On parle par exemple des industries culturelles. Le Concile Vatican II a réfléchi à cette réalité dans son document « L’Église dans le monde de ce temps » (par. 53-62). Il prend le mot au sens large. On y désigne « tout ce par quoi l’homme affine et développe les multiples capacités de son esprit et de son corps ; s’efforce de soumettre l’univers par la connaissance et le travail ; humanise la vie sociale, aussi bien la vie familiale que l’ensemble de la vie civile, grâce au progrès des mœurs et des institutions ; traduit, communique et conserve enfin dans ses œuvres, au cours des temps, les grandes expériences spirituelles et les aspirations majeures de l’homme, afin qu’elles servent au progrès d’un grand nombre et même de tout le genre humain. »

Des styles de vie divers et des échelles de valeurs différentes naissent de ces façons particulières de se servir des choses, de travailler, de s’exprimer, de pratiquer sa religion, de se conduire, de légiférer, d’établir des institutions juridiques, d’enrichir les sciences et les arts et de cultiver le beau.

Ce domaine de la culture se transforme sans cesse. « En même temps, l’accroissement des échanges entre les différentes nations et les groupes sociaux découvre plus largement à tous et à chacun les richesses des diverses cultures, et ainsi se prépare peu à peu un type de civilisation plus universel qui fait avancer l’unité du genre humain et l’exprime, dans la mesure même où il respecte mieux les particularités de chaque culture. » Un tel phénomène est un puissant appel à construire un monde meilleur dans la vérité et la justice. « Nous sommes donc les témoins de la naissance d’un nouvel humanisme ; l’homme s’y définit avant tout par la responsabilité qu’il assume envers ses frères et devant l’histoire. » En s’appliquant par exemple à la philosophie, à l’histoire, aux mathématiques, sciences arts, « l’homme peut grandement contribuer à ouvrir la famille humaine aux plus nobles valeurs du vrai, du bien et du beau, et à une vue des choses ayant valeur universelle. »

Le Concile a souligné les multiples connivences entre la culture et le message évangélique. « Car Dieu, en se révélant à son peuple jusqu’à sa pleine manifestation dans son Fils incarné, a parlé selon des types de culture propres à chaque époque. » L’Église a continué dans la même route au cours de son histoire bimillénaire. « Ainsi l’Église, en remplissant sa propre mission, concourt déjà, par là même, à l’œuvre civilisatrice et elle y pousse ; son action, même liturgique, contribue à former la liberté intérieure de l’homme. »

Bien des champs appellent alors au travail. On peut y voir une interpellation à travailler avec acharnement à ce que « des décisions fondamentales soient prises de nature à faire reconnaître partout et pour tous, en harmonie avec la dignité de la personne humaine, sans distinction de race, de sexe, de nation, de religion ou de condition sociale, le droit à la culture et d’assurer sa réalisation. »

Je vous invite à aller lire le document lui-même qui indique encore d’autres pistes pour qui veut s’engager dans ce domaine au nom de sa foi ou de son humanisme.
(11e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau