vendredi 9 novembre 2012

Un style pour la nouvelle évangélisation

Le jour de l’ouverture du concile Vatican II, le 11 octobre 1962, le « bon pape » Jean XXIII donnait un discours qui a orienté tout le travail de cette assemblée. Il y dénonçait ceux qui ne voient dans la situation actuelle de la société que ruines et calamités et affirmait son « complet désaccord avec ces prophètes de malheur, qui annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin. »

Puis il donnait une orientation positive : « Dans le cours actuel des événements, alors que la société humaine semble à un tournant, il vaut mieux reconnaître les desseins mystérieux de la Providence divine qui, à travers la succession des temps et les travaux des hommes, la plupart du temps contre toute attente, atteignent leur fin et disposent tout avec sagesse pour le bien de l'Église, même les événements contraires ».

Il ajoutait que la principale tâche d’un concile œcuménique, « c'est que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit conservé et présenté d'une façon plus efficace. »  Et il précisait que sans jamais se détourner de cet héritage sacré, il faut que l’Église « se tourne vers les temps présents, qui entraînent de nouvelles situations, de nouvelles formes de vie et ouvrent de nouvelles voies à l'apostolat catholique. » Il demandait donc que l’Église s’ouvre au monde actuel et apprenne à entrer en dialogue confiant avec ce monde pour lui offrir l’Évangile éternel.

Les Pères conciliaires ont compris le message. Les textes issus de leurs assises parlent souvent de dialogue, de conversation, de coopération, d’écouter, d’accueil. Les chercheurs ont relevé ce style unique dans l’histoire des 21 conciles œcuméniques de l’Église catholique. Contrairement à ses prédécesseurs, ce Concile n’a pas décrété d'anathème, mais a cherché à montrer au monde la beauté et la bonté de l’Évangile et de la doctrine chrétienne.

Paul VI a donné une forte impulsion à cette même orientation dans sa première encyclique, dont une partie est intitulée: « Une Église qui se donne au monde dans le dialogue. » Il a cette magnifique formule : « L'Église doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. L'Église se fait parole; l'Église se fait message; l'Église se fait conversation. » (par 67) L’Église se modèle alors sur la pédagogie même de Dieu qui s’est manifesté dans toute sa générosité bienveillante dans le mystère du Fils de Dieu qui se fait l’un de nous pour être proche de nous, partager nos joies et nos peines dans un dialogue familier. Paul VI explicite le souci de Jean XXIII et du Concile  d’insérer « le message chrétien dans la circulation de pensée, d'expression, de culture, d'usages, de tendances de l'humanité telle qu'elle vit et s'agite aujourd'hui sur la face de la terre. » Et il ajoute : « Avant même de convertir le monde, bien mieux, pour le convertir, il faut l'approcher et lui parler. » (par. 70)

Voilà une orientation très actuelle en ces temps où il est tellement question d’une nouvelle évangélisation.
(8e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau