mardi 6 novembre 2012

La beauté du tatouage

En mars 2010, je publiais un message sur la pastorale jeunesse. Je lui donnais comme titre un texte librement traduit du prophète Isaïe 49,16 : « J’ai tatoué ton nom sur les paumes de mes mains ».  Ce choix me fut inspiré par le témoignage d’un jeune père de famille à qui je demandais ce que signifiait le tatouage qu’il avait fait graver sur son bras. Sa réponse m’a profondément ému. Il m’a dit avec une flamme de joie dans les yeux : « Je l’ai fait dessiner le matin où ma petite fille est née. Ainsi, je ne l’oublierai jamais! »

Madame Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef de La Terre Sainte, a détecté mon écrit lors de ses recherches pour rédiger un dossier très étoffé sur l’histoire et la réalité actuelle du tatouage en terre sainte. Ce reportage fut publié dans la parution de septembre-octobre 2012 de sa revue.  En page 37, j’ai lu avec surprise : « Mention spéciale et félicitations du jury à Mgr Roger Ebacher… » Merci pour la longue citation et cette belle reconnaissance de la part de cette intéressante et instructive revue.

Le reportage en question m’a appris l’importance du tatouage pour les pèlerins durant près de 500 ans. C’était un certificat ineffaçable de leur inoubliable voyage aux sources de la foi et de la vie chrétiennes. Les Chevaliers du Saint Sépulcre aimaient ainsi se faire marquer du nom de Jésus et de la Sainte Croix. Et encore aujourd’hui des chrétiens tiennent à porter sur leur corps une telle marque qui parle à leur cœur et peut aussi témoigner autour d’eux de leurs foi dynamique et profonde.

Que nous dit la Bible de telles pratiques? Le dossier ici cité note d’abord qu’un verset biblique interdit la pratique de mettre des inscriptions sur sa peau comme le faisaient les païens à l’occasion d’un deuil. Mais d’autres passages bibliques voient dans de tels tatouages un signe d’appartenance au vrai Dieu et même d’un attachement amoureux au Seigneur. Selon le beau texte du Cantique des Cantiques 8,6 : « Pose‑moi comme un sceau sur ton coeur, comme un sceau sur ton bras. Car l'amour est fort comme la Mort, la passion inflexible comme le Shéol. »

En somme, cette façon de marquer nos corps peut devenir une façon très significative d’exprimer une relation profonde, une appartenance cordiale, une ferveur qui changent la vie. Alors, cette image est belle et rayonne un profond goût de vivre.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau