dimanche 28 octobre 2012

Qui peut être sauvé selon Vatican II?

Dans les Évangiles, les Apôtres stupéfaits des exigences de Jésus lui posent cette question (Luc 18,27). Des gens inquiets interrogent aussi Jésus sur le petit nombre des élus (Luc 13,23). Quel peut être le sort éternel de toutes ces personnes qui n’ont pas connu l’Évangile, ni le Christ Jésus, ni même Dieu?

Le Concile Vatican II a éclairé cette question dans son document sur « L’Église dans le monde de ce temps ». On y lit que la promesse de la résurrection et de la vie éternelle « ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal. » (par. 22,5)

Je lis le même enseignement dans le texte conciliaire sur « L’Église ». Le dessein de salut de Dieu s’applique aussi au peuple juif, qui est « très aimé ». « Mais le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui, professant avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour. Et même des autres, qui cherchent encore dans les ombres et sous des images un Dieu qu’ils ignorent, de ceux-là mêmes Dieu n’est pas loin. […] Ceux qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aussi peuvent arriver au salut éternel. À ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, non sans la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l’Église le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie. » (par.16)

Paul VI a repris cet enseignement dans son magistral texte sur « L’Évangélisation dans le monde moderne ». Il y affirme que le salut, « Dieu peut l’accomplir en qui Il veut par des voies extraordinaires que lui seul connaît. » (par. 80)

Je trouve ces affirmations libératrices et capables d’illuminer nos chemins vers nos frères et sœurs les humains, quelles que soient leurs convictions sur l’au-delà, la mort et les grandes questions éternelles. C’est une invitation au respect dans un dialogue ouvert et sincère.
(6e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau