dimanche 12 août 2012

La nécessité vitale de l’auto-modération

Avec cette affirmation, je ne pense pas à la modération dans les sports, ou dans le langage employé dans les débats politiques, ou lors de la conduite automobile. Je pense à la modération à développer dans nos relations avec notre environnement.

Je viens de relire un texte, qui date de l'an 2000, du cardinal Martini. J'y trouve une réflexion d’une grande actualité sur le présent sujet. Selon ce penseur, la crise écologique consiste « en un déséquilibre entre les rythmes des temps biologiques et les temps imposés par l’homme. En effet, l’homme peut modifier de manière rapide et irréversible, par les moyens technologiques et scientifiques dont il dispose, ce que la nature a produit en l’espace de plusieurs millénaires quand ce ne sont pas des millions d’années ».

Il suffit de penser à toutes ces espèces de vie produites en particulier dans les grandes forêts amazoniennes ou équatoriales. C’est prodigieux, mais fragile. Les coupes de bois imposées par le désir immodéré d’un profit rapide, ou les feux de grande envergure provoqués par un besoin non contrôlé de terres pour les pâturages, peu à peu détruisent irrémédiablement ces richesses et font disparaître à vive allure des milliers d’espèces végétales et animales. La surpêche conduit à de semblables conséquences pour la multitude de variétés des poissons et autres fruits de mer. Et pensons à l’air vicié par les émanations de gaz, nos environnements immédiats noyés dans nos déchets. Il serait facile de continuer une telle énumération.

Martini en conclut : « Une utilisation sobre des possibilités techniques devient de plus en plus urgente et nécessaire pour tous, du fait du processus croissant de globalisation ». S’impose une mondialisation de la solidarité et de la conviction que le destin de toute notre planète est rattaché au nôtre et que les liens qui nous y unissent sont vitaux pour nous aussi.

Nous sommes toujours portés à nous dire que de telles situations nous dépassent. Pourtant il me semble que cette prise de conscience peut nous inciter à une auto-modération dans nos propres façons de vivre (par exemple recyclage, usage de biodégradables, etc.), dans un souci de la qualité de vie de tous et pour tous. Des petits gestes quotidiens renouvelés et mis en réseau vont former un vaste filet capable de protéger notre avenir qui est solidaire de l’avenir des autres vivants autour de nous.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau