mardi 10 avril 2012

Pâques : c’est une belle histoire d’amour

L’Évangéliste Jean (20,1-9) nous raconte ce qui s'est passé au petit matin du 9 avril de l’an 30 de notre ère près d’un tombeau tout près de Jérusalem. Une femme, que Jésus a guéri de tant de blessures et de rejets, maintenant atterrée de ce qu’on Lui a infligé les jours précédents, jusqu’à Le tuer et L’enfermer dans ce tombeau fermé par une grosse pierre, vient pleurer Celui qu’elle aime. Mais elle trouve le tombeau ouvert et vide. Elle va en toute hâte crier sa douleur et alerter deux autres amis de Jésus, dont le « disciple bien-aimé ». Ces deux disciples, poussés par une angoisse qui les étreint, courent au tombeau. C’est l’amour qui les fait ainsi se précipiter en ce lieu. Le tombeau est bien vide. Et il y a des signes que le « bien-aimé » sait déchiffrer : Il est ressuscité! Tout s’éclaire. Dieu avait promis, il tient parole. Il y a de l’avenir.

Oui Dieu avait promis! Car Dieu a tellement aimé le monde!  Dès les débuts, dans sa tendresse pour eux, il a revêtu Ève et Adam de peaux de bêtes, il a protégé Caïn contre les vendettas par un signe sur son front, il a confié ses projets à Noé pour le sauver ainsi que sa famille et tous les vivants. Surtout il a appelé Abraham pour en faire son ami et il lui a promis qu’en son descendant seraient bénies toutes les nations de la terre. Ce matin d’avril 30 est l’accomplissement de toutes les promesses du Dieu qui s’est toujours montré d’une bouleversante fidélité.

Là, dans la clarté du soleil levant, éclate aux yeux des amis de Jésus jusqu’où est allé cet amour. Ils n’avaient pas compris. Ils avaient été horrifiés et angoissés. L’un d’eux l’a trahi. Un autre l’a renié. Tous, ou presque, ont fui quand les chefs du peuple et les païens  L’ont arrêté, humilié, torturé, exposé nu à la risée de la foule, tué et mis en ce tombeau. Maintenant tout devenait clair! Oui,  Dieu a aimé d’un amour déconcertant le monde au point de donner son Fils pour que toute personne qui croit en lui ait la vie plus forte que le mal et que la mort : la vie éternelle (Jean 3,16). En ce matin de la résurrection de Jésus, nous voilà à l’épicentre de cette bouleversante histoire.

Mais elle n’était pas terminée. Brûlés par le Feu de l’Esprit du Ressuscité, ses amis maintenant sûrs d’être follement aimés se sont mis à proclamer cette bouleversante nouvelle : Il est vainqueur de la mort, Il est vivant. Ca fait deux mille ans qu’on se raconte de génération en génération ce récit et ca continue encore. C’est un Feu qui ne peut pas s’enfermer dans les entrailles du cœur : il doit rayonner et offrir la Bonne Nouvelle, même au risque du rejet, du mépris, du martyr. Et ils sont encore aujourd’hui des milliers qui chaque année meurent pour avoir affirmé par leur capacité d’aimer et de pardonner que Jésus est vainqueur du mal, de la haine, de la mort et qu’il y a de l'avenir pour toute personne qui consent à se laisser aimer par Dieu, qui consent à devenir en Jésus l’enfant bien-aimé capable de dire à Dieu avec tendresse et confiance : « Père ».

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau