jeudi 26 avril 2012

La source du sens de ma vie

D’où me vient cette confiance en la vie qui me donne le goût de vivre en abondance? D’où me vient cette foi en la bonté du chemin où je marche, malgré mes faux pas si nombreux, mes errances dans des chemins perdus ou mes chutes dans le ravin? D’où me vient l’espérance que ma vie vaut la peine d’être vécue? Pour scruter un peu ces interrogations vitales, existentielles qui me talonnent, je sens le besoin de revenir à la source de mon être. C’est de là que jaillit l’appel à vivre et à croire en la vie.

Benoît XVI nous rappelle très bellement cette vérité essentielle et primale dans son message pour le 29 avril 2012, 49ième Journée mondiale de prière pour les vocations, dont le thème est : « Les vocations, don de l’Amour de Dieu ». J’en épingle quelques affirmations qui m’ont stimulées et que j’ai le goût de partager avec vous.

« La source de tout don parfait est Dieu Amour. […] L’Écriture Sainte raconte l’histoire de ce lien originel entre Dieu et l’humanité, qui précède la création elle-même. Saint Paul, écrivant aux chrétiens de la ville d’Éphèse, fait monter un hymne de reconnaissance et de louange au Père, Lui qui, avec une infinie bienveillance, met en œuvre, au cours des siècles, son dessein universel de salut, qui est un dessein d’amour. […] Nous sommes aimés par Dieu “avant” même de venir à l’existence ! Mû exclusivement par son amour inconditionnel, Il nous a “créés de rien” (cf. 2M 7, 28) pour nous conduire à la pleine communion avec Lui. »

Puis le pape nomme ce qu’il considère être « la vérité profonde de notre existence » : « Chaque personne humaine est fruit d’une pensée et d’un acte de l’amour de Dieu, amour immense, fidèle, éternel (cf. Jr 31, 3). Découvrir cette réalité change véritablement notre vie en profondeur. Dans une page célèbre des Confessions, saint Augustin exprime avec une grande intensité sa découverte de Dieu, suprême beauté et suprême amour, un Dieu qui lui avait été toujours proche, auquel il ouvrait enfin son esprit et son cœur pour être transformé : « Bien tard je t'ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t'ai aimée! Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors. C’est là que je te cherchais. Tout disgracieux, je me ruais sur tes gracieuses créatures. Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi. Loin de toi, elles me retenaient, elles qui ne seraient, si elles n’étaient en toi. Tu m’appelas, crias, rompis ma surdité. Tu brillas, et ta splendeur a ôté ma cécité ; tu répandis ton parfum, je respirai, je soupirai, je t’ai goûté, et j’eus faim et soif; tu m’as touché, et je brûlai du désir de ta paix » (X, 27.38). Par ces images, le saint Évêque d’Hippone cherche à décrire le mystère ineffable de la rencontre avec Dieu, avec son amour qui transforme toute l’existence. »

En résumé, « il s’agit d’un amour sans réserve qui nous précède, nous soutient et nous appelle tout au long du chemin de la vie et qui s’enracine dans l’absolue gratuité de Dieu. »

Cette vision biblique de mon existence, de ma raison d’être, de mon appel fondamental est pour moi lumineuse, stimulante, souvent aussi consolante. Elle devient de jour en jour un très fort soutien à l’audace et au courage de mon espérance.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau