dimanche 18 mars 2012

Pour une écologie humaine

Le mot : « écologie », inventé au milieu du XIXième siècle, ne devint populaire que dans la seconde moitié du XXième, la science écologique s’étant alors imposée.  Je me souviens de la première fois que je l’ai entendu. Ce devait être durant l’année 1971.  J’étais en conversation avec un professeur au niveau secondaire. Et il s’est mis à employer ce mot, alors barbare pour moi! Il a essayé de m’expliquer ce que ca voulait dire mais j’avoue qu’il n’a pas réussi alors à me convaincre de son opportunité. J’ai changé d’idée depuis!

Nous sommes habitués à l’emploi de ce concept pour parler de la nature et de ce que nous en faisons. Nous avons pris conscience de nos solidarités complexes et vitales avec tout l’univers. Une multitude de sciences usent de ce concept pour approfondir les diverses réalités de notre monde.

Ce mot revient constamment dans les médias quotidiens. Nous sommes maintenant habitués de voir les « écologistes » en lutte contre toutes sortes de pollutions, destructions et autres phénomènes qui jaillissent de nos développements scientifiques, technologiques et de nos besoins quotidiens.  Certains groupes sont très connus et ont une portée continentale. Par ailleurs, pensons aux élèves d’une école qui font une campagne pour le ramassage des déchets, ou pour bien d’autres objectifs qu’on doit appeler « écologiques ».

Mais le concept d’écologie humaine me semble moins répandu. C’est pour soutenir une telle réflexion que je reproduis ici les remarques de Benoît XVI aux ambassadeurs de plusieurs pays, ce qui montre bien que cette écologie humaine concerne le bien commun de nos groupes et de toute la planète.

Le Pape vient de parler des innombrables tragédies qui ont touché la nature, la technique et les peuples au début de l’année 2011. Il ajoute : « L’ampleur de telles catastrophes nous interroge. C’est l’homme qui est premier, il est bon de le rappeler. L’homme, à qui Dieu a confié la bonne gestion de la nature, ne peut pas être dominé par la technique et devenir son sujet. Une telle prise de conscience doit amener les États à réfléchir ensemble sur l’avenir à court terme de la planète, face à leurs responsabilités à l’égard de notre vie et des technologies. L’écologie humaine est une nécessité impérative. Adopter en tout une manière de vivre respectueuse de l’environnement et soutenir la recherche et l’exploitation d’énergies propres qui sauvegardent le patrimoine de la création et sont sans danger pour l’homme, doivent être des priorités politiques et économiques. Dans ce sens, il s’avère nécessaire de revoir totalement notre approche de la nature. Elle n’est pas uniquement un espace exploitable ou ludique. Elle est le lieu natif de l’homme, sa "maison" en quelque sorte. Elle nous est essentielle. Le changement de mentalité dans ce domaine, voire les contraintes que cela entraine, doit permettre d’arriver rapidement à un art de vivre ensemble qui respecte l’alliance entre l’homme et la nature, sans laquelle la famille humaine risque de disparaître. Une réflexion sérieuse doit donc être conduite et des solutions précises et viables doivent être proposées. L’ensemble des gouvernants doit s’engager à protéger la nature et l’aider à remplir son rôle essentiel pour la survie de l’humanité. Les Nations Unies me semblent être le cadre naturel d’une telle réflexion qui ne devra pas être obscurcie par des intérêts politiques et économiques aveuglément partisans, afin de privilégier la solidarité par rapport à l’intérêt particulier. »

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau