dimanche 11 mars 2012

L’Esprit-Saint vient faire germer nos déserts

Depuis le 22 février dernier, nous sommes entrés en carême. Il s’agit des quarante jours qui nous préparent à la grande fête de Pâques. C’est là un temps bien spécial pour imiter Jésus et nous conduire comme lui, en véritables enfants de Dieu.

Jésus a été baptisé par le grand prophète Jean-Baptiste. « Et aussitôt, remontant de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit comme une colombe descendre vers lui, et une voix vint des cieux: "Tu es mon Fils bien‑aimé, tu as toute ma faveur." Et aussitôt, l'Esprit le pousse au désert » (Marc 1, 10-12). Là Jésus a prié, et il a jeuné pendant quarante jours.

Nous aussi les croyantes et croyants en Jésus, avons été baptisés. Nous y avons été identifiés à Jésus le Fils Unique et bien-aimé pour être nous aussi filles et fils de Dieu. Certes, nous le sommes par adoption alors que Jésus et l’unique Fils éternel du Père. Mais nous le sommes vraiment. Nous sommes par le baptême changés en profondeur. Car à notre baptême l’Esprit même de Jésus a été versé en nous en même temps que l’amour du Père. Et alors, « tous ceux qu'anime l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Aussi bien n'avez vous pas reçu un esprit d'esclaves pour retomber dans la crainte; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier: Abba! Père! L'Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers; héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui » (Romains 8,14-17).

Nous sommes donc nous aussi, tout comme Jésus, poussés par l’Esprit pour entrer dans ce désert du carême.  Il s’agit du désert de nos habitudes mauvaises, de nos ignorances de la Parole de Dieu, de nos stérilités spirituelles de toutes sortes, de notre refus de nous priver de tant de caprices et de choses superflues. Nous sommes appelés à faire comme Jésus, avec les yeux fixés sur lui notre guide et avec la force de ce même Esprit qui l’a soutenu durant tous ces jours de luttes. Nous allons au désert avec Jésus pour répondre avec lui aux tentations de l’Ennemi, le Menteur, Satan.

Le Menteur le tente en l’invitant à satisfaire sa faim par un miracle en sa propre faveur (ce que Jésus n’a jamais fait). Jésus lui répond : « Il est écrit: Ce n'est pas de pain seul que vivra l'homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Le Tentateur l’incite à éblouir les foules en se jetant en bas du pignon le plus haut du temple. Il pourrait ainsi conquérir les foules pour sa gloire. Mais Jésus refuse : « Il est encore écrit: Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu. » Enfin Satan avec un sans gêne incroyable et une impudent effroyable invite Jésus à l’adorer, lui promettant la suprématie sur tous les royaumes de la terre, prétendant que tout cela lui appartient. Et Jésus répond encore en citant les Écriture : « Retire‑toi, Satan! Car il est écrit: C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, et à Lui seul tu rendras un culte. » (Matthieu 4,1-11).

Nous aussi, l’Esprit de Dieu nous invite durant ce temps de préparation au renouvellement de nos promesses baptismales à faire comme Jésus : à jeuner, à prier et à donner généreusement ce que nous avons et ce que nous sommes. Et pour nous y soutenir, les Paroles de Dieu nous sont abondamment offertes à chaque jour de la semaine et surtout dans les messes des dimanches. Il faut accueillir ces Paroles de notre Père avec un cœur simple, confiant et fervent, les méditer, les mâcher, les digérer, les faire passer dans notre vie. Prière, jeûne et aumônes, voilà les pratiques que nous sommes invités à vivre pour que la nuit de Pâques, nos déserts puissent être transformés, revitalisés, et refleurir grâce à l’eau baptismale, le feu de la grâce et notre engagement renouvelé à suivre Jésus dans la certitude de la foi que nous sommes tendrement chéris par Dieu.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau