jeudi 9 février 2012

Sommes-nous proches des personnes malades?

Je garde un souvenir très ému de mon bref séjour à Lourdes il y a quelques années. La beauté du site, l’histoire des apparitions, les grandes foules de pèlerins sont remarquables. Mais je fus surtout rejoint par le nombre de personnes qui arrivent de divers pays avec des malades. Elles les accompagnent jour et nuit, les soutiennent, stimulent leur espérance et leur prière. Beaucoup de jeunes, d’adultes, de personnes à la retraite donnent aussi de leur temps à chaque année pour y vivre l’accueil des malades qui ont besoin d’aide.

Ces personnes y ont une reconnaissance claire de leurs services. Ce puissant phénomène de générosité, de grand cœur, de courage dans le service est bien expliqué sur le site web de Lourdes : « Des centaines de milliers de bénévoles de Lourdes sont appelés des hospitaliers et hospitalières. Attention : ces termes ne sont pas à prendre dans le sens médical actuel, mais dans un sens premier : être hospitalier, c’est être accueillant, tout simplement. L’Hospitalité est une institution ancienne, originale et exceptionnelle fondée en 1885. Des chiffres : 200 hospitalités d’accompagnement (dans les diocèses, dans certaines congrégations religieuses..., et une seule hospitalité d’accueil dans les Sanctuaires, l'Hospitalité Notre-Dame de Lourdes.  100 000 bénévoles hommes et femmes de tous âges et du monde entier viennent servir chaque année. »

Jean-Paul II a bien senti ce besoin profondément humain et spirituel du service auprès des malades. Il l’a vu comme une nécessité qui s’impose, quels que soient les services publics de toutes sortes dans ce domaine. Ca fait déjà 20 ans qu’il nous a demandé de célébrer à chaque année, le 11 février, fête de Notre-Dame-de-Lourdes,  une journée spéciale dédiée aux malades et aux personnes qui les accompagnent, que ce soit dans les services publics ou dans les divers lieux privés. Son but était de nous « encourager à donner de notre temps, soutenir les malades, être attentif à leurs besoins ».

Car ce n’est pas qu’à Lourdes qu’on a besoin de telles personnes accompagnatrices. Ici, dans nos familles, dans nos paroisses, dans les résidences pour personnes âgées, handicapées ou en perte d’autonomie un tel besoin est criant. Dans son message pour cette année, Benoît XVI donne le sens profond de tels accompagnements : « Dans l’accueil généreux et aimant de chaque vie humaine et en particulier de celle qui est faible et malade, le chrétien exprime un aspect important de son témoignage évangélique, à l’exemple du Christ qui s’est penché sur les souffrances matérielles et spirituelles de l’homme pour le guérir. ». Et il ajoute : « À tous ceux qui travaillent dans le monde de la santé, comme aussi aux familles qui voient dans leurs proches le visage souffrant du Seigneur Jésus, je renouvelle mes remerciements et ceux de l’Église parce que par leur compétence professionnelle et dans le silence, souvent sans même mentionner le nom du Christ, ils Le manifestent concrètement ».

Divers instruments d’animation nous sont offerts, en particulier par les divers diocèses du monde, pour nous aider à vivre cette journée d’une façon dynamique, imaginative et stimulante. Mais la véritable stimulation à un tel engagement exigeant qui nous situe devant la douleur de l’autre doit venir du cœur. Cette journée mondiale est une incitation à vérifier la sensibilité efficace de notre cœur avec les personnes malades ou âgées que nous côtoyons, dont souvent nous avons la responsabilité. Cette motivation intime est essentielle car sans elle la personne du malade peut devenir un terrible fardeau alors que notre foi nous invite à y voir un frère ou une sœur tendrement aimée par Dieu et que Jésus nous demande de soutenir pour lui apporter consolation, espérance, un peu de joie.

Rappelons à notre cœur cette parole de Jésus : « J’étais malade et vous êtes venus me voir […] Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait» (Matthieu, 25, 31ss).

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau