mardi 20 septembre 2011

Le drame de la Palestine

Ces jours-ci, la Palestine est intensément présente à l’actualité. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas a l’intention de soumettre le 23 septembre au Conseil de sécurité de l’ONU la demande d’adhésion de l’État palestinien aux Nations-Unies. Ce qui provoque l’accord enthousiaste de nombreuses nations mais aussi de vives oppositions de nations puissantes comme les États-Unis et la Russie.

Je suis allé deux fois en pèlerinage en Terre Sainte. J’ai visité avec émotions plusieurs lieux de la Palestine. J'y ai expérimenté avec douleur les restrictions mises sur les touristes pour de telles visites. Ainsi, je n’ai pas pu me rendre au puits de Jacob en Samarie car ce jour-là le territoire était bouclé par l’armée israélienne. Il en fut de même lorsque nous avons voulu terminer notre visite aux sources du Jourdain en passant par les hauteurs du Golan pour retourner à notre hôtel. Je pensais en m‘endormant ce soir-là à ce que doivent subir de restrictions et d’interdictions les populations locales palestiniennes soumises à une telle occupation militaire.

Et j’ai vu le mur qui sépare les terres, les familles, les lieux de résidence et de travail, J’ai vu les postes de contrôle qui forment des obstacles douloureux pour les personnes qui doivent y passer même quotidiennement pour aller au travail, à l‘école, dans leurs champs. J’ai écouté longuement des étudiantes et étudiants de Nazareth me raconter ce qu’ils vivent dans l’université et les difficultés qui risquent toujours de barrer leur chemin et leur recherche d’un avenir meilleur pour eux et pour leur peuple.

J’ai vu de loin quelques-unes de ces colonies en plein milieu de territoires palestiniens. L’écrivain Falk van Gaver raconte au sujet d’une de ces implantations sur des terres prises illégalement que ca ressemble à une base lunaire! « Lotissements et préfabriqués qui jurent dans le paysage, hérissés d’antennes et de tours de contrôle, ceinturés de réseaux de clôtures électrifiées, de grillages, de barbelés, de caméras, de blocs de béton, de chiens de garde, flanqués de bases et de casernes de l’armée en béton armé ». En somme un vrai décor de science-fiction!  (La Terre Sainte, juillet août 2011,  p. 202)

J’ai aimé prié en pèlerin sur ces lieux qui ont une forte résonnance biblique : Bethléem, Nazareth, la Galilée, Jéricho, Cana, le Carmel. Certes, j’y relisais les récits des grands événements bibliques qui y  ont été vécus et qui marquent notre histoire encore aujourd’hui. Mais j’aimais aussi attentivement regarder les paysages, les visages, les travaux, les lieux de service, en somme la vie quotidienne de ce peuple sur cette terre où Jésus a marché et maintenant blessée par tant de souffrances quotidiennes mais aussi éclairée par tant de solidarité et de joie de vivre malgré tout.

Yasser Arafat répétait à chaque occasion : « La Palestine est juive, chrétienne et musulmane ». Pendant des siècles on y a vécu une coexistence habituellement pacifique entre les différentes communautés religieuses. Mais tout est maintenant pris dans un conflit qui semble interminable. Je suis revenu de ces pèlerinages avec une grande tristesse au cœur et une prière intense pour ces peuples en conflits.

Je suis allé aussi en Israël. Jérusalem est unique pour son histoire plusieurs fois millénaire, pour ce qui s’y est vécu par les trois grandes religions monothéistes, pour ce qui s’y vit aujourd’hui encore avec ces gens qui cherchent à cohabiter et pèlerins qui viennent y boire aux sources mêmes de leur foi et de leur espérance. Jérusalem, ville de la paix, où a passé et est mort le Prince de la Paix. Jérusalem, toujours porteuse d’un appel à la paix.

Lors de mon premier voyage, je me suis abonné à la revue « la Terre Sainte ». Elle me renseigne beaucoup sur la présence des Franciscains depuis tant de siècles sur cette terre. Elle m’informe aussi sur tellement d’événements sociaux, économiques et politiques de la Palestine et d’Israël. Cette revue me fournit aussi divers textes d’archéologie biblique ou qui m’aident à mieux saisir la portée de certains textes bibliques, leur contexte historique et leur signification. En somme j’attends toujours le prochain numéro.

† Roger Ébacher
Évêque de Gatineau