jeudi 14 juillet 2011

Un ami

J’ai lu récemment un commentaire sur l’amitié qui m’a fait réfléchir. Il est d’Élie Wiesel (dans Mémoires 1, « Tous les fleuves vont à la mer », Seuil, p.62). Ses multiples souffrances et expériences donnent un poids particulier à ses remarques.

«Sans amis, la vie manque de chaleur, de sève, de soleil. Plus que l’amour lui-même, l’amitié compte dans la vie d’un homme. Elle est plus stable que l’amour. Plus désintéressée aussi. Il arrive que l’on tue par amour, mais pas par amitié. Caïn tua Abel parce qu’Abel n’était que son frère, alors qu’il aurait dû être aussi son ami. David rayonne dans l’histoire non seulement grâce à ses conquêtes territoriales, mais aussi en raison de l’amitié vraie et indestructible qui le liait à Jonathan : un homme capable d’une telle amitié ne pouvait être qu’exceptionnel. »

Ca me rappelle que les psaumes bibliques prennent souvent la perte d’un ami comme l’exemple du plus grand malheur qui puisse nous arriver. Mais je me souviens surtout de Jésus qui a dit aux siens la veille de sa mort : « Nul n'a plus grand amour que celui-ci: donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître. » (Jean 15, 13-15).

Quelle bouleversante révélation que d’entendre d’une bouche humaine : « Tu es mon ami ! » Et alors quand c'est Jésus qui nous murmure ce secret au fond du coeur!

† Roger Ébacher
Évêque de Gatineau